live-report du festival Hellfest 2009 à Clisson.

J’étais assez impatient de revoir les doomsters de Grand Magus, direction donc la Rock Hard tent, où le power trio suédois va donner un show comme à son habitude : sobre, mais efficace et impeccable. Leur maîtrise leur permet de retranscrire sur scène le caractère à la fois épique et heavy de leurs compos, et c’est une véritable flopée d’hymnes epic-doom qui s’abat sur les festivaliers, avec notamment un « Like The Oar Stirkes The Water » de grande classe. Grand Magus confirme sans faille son statut de valeur sûre. A revoir dès que l’occasion se présentera !

L'autre groupe de Peter « Hypocrisy » Tatgren joue sur la grande scène, et nous donne une prestation carré. Les Suédois sont en forme et sont bien habitués des grandes scènes et des festivals. Les morceaux, puissants et accrocheurs, n'ont aucun mal à convaincre le nombreux public présent. Un bon show sans fioritures.

Pour paraphraser le vieux droopy corse : « Terror va vous terroriser ». Mon dieu quelle expérience ! Le pass photo me sauve la vie, car pendant que je mitraille, devant la scène, le show déchaîné du groupe, j’échappe au cataclysme qui s’est déclenché dans la fosse : un mosh dantesque, qui fait voler les corps et la poussière sous la Terrorizer Tent. Le groupe de hardcore semble décidé à ne laisser aucun survivant derrière lui, et son frontman Scott Vogel fait tout pour que le pit se tranforme en magma humain infernal. En 40 minutes, les Californiens propulsent leur set dans le top 5 des shows les plus intenses de ce Hellfest 2009. Impressionnant !

Pas grand-chose à dire sur le metalcore de Heaven Shall Burn, si ce n’est qu’il est puissament carré et maîtrisé à fond par les membres du groupe. Peu amateur du genre, j’apprécie cependant le set ultra pro des 5 Allemands. Une petite mention supplémentaire pour leur tenue de scène, tous les membres en chemise rouge. Un gimmick simple mais qui a un effet visuel certain, et surtout change du look beauf/campeur/clochard (rayez les mentions inutiles) qui semble être obligatoire chez leurs concurrents.

Aura Noir, c’est con, mais c’est bon ! Comme sur album, leur black-thrash est vitupérant au possible, rouillé, pas amical du tout. Le groupe est parfaitement en place, mais malheureusement, le son n’est pas toujours à la hauteur de sa furie. Un bon petit décrassage auditif tout de même, et une case de plus à cocher dans la colonne « culte ».

Cradle of Filth ? Et bien ça aura été plutôt Cradle Of shit aujourd'hui. J'ai l'impression que plus on avance dans le temps, et plus les Anglais sont pitoyables en concert. J'avais gardé de bons souvenirs de leurs prestations à l'époque du second album (oui je sais ça fait loin...), mais là vraiment les grandes scènes en plein jour ne leur vont pas du tout. Son moyen, un Dani de moins en moins charismatique, et surtout aucune cohésion de groupe. J'ai vraiment eu l'impression que chacun jouait de son côté. Prestation à oublier !

Pour un groupe aussi peu connu en France, Clutch bénéficie d'une belle place sur l'affiche. La scène tranche avec le reste des groupes présents : pas de murs d'amplis mais une installation bien « roots ». Pour le reste, ça va pulser ! L'énergie déployée, la présence scénique du chanteur et l'enthousiasme du groupe va motiver le public à se bouger les fesses et à participer. Le « stoner » de Clutch n'est pas spécialement basé sur la lourdeur des riffs mais sur le groove et le côté rock. Les morceaux sont vraiment excellents et le frontman à une putain de classe. Excellent show. Une petite bouffée d'air frais au milieu d'une overdose de décibels. C'est pour cela que l'on aime aussi le Hellfest, pour son éclectisme et son bon goût.

Les blagues les plus courtes sont les meilleures , mais cela, Max Cavalera ne l’a toujours pas compris. Après Cavalera Conspiracy l’an passé, il revient avec un set de Soulfly tout aussi dispensable : compos plates et sans âme, et les éternelles et incontournables reprises de Sepultura en bonus, preuve si besoin était que la crédibilité de Max Cavalera se trouve 15 ans derrière lui.

C'est toujours un plaisir de voir Immolation sur scène. Mais aujourd'hui un peu moins... Les Américains ne se sont pourtant pas économisés mais la faute en incombait à un son vraiment trop brouillon et approximatif. Dommage... A une prochaine fois dans une petite salle.

Bien sûr, la prochaine fois Gojira sera encore plus haut sur l’affiche. Bien sûr leur venue est l’un des gros buzz de cette édition 2009. Bien sûr, ils sont pros jusqu’au bout des ongles, carrés, en place, etc, etc...Mais qu’est-ce que je me suis fais chier ! Pas beaucoup d’âme décelée dans ces 40 minutes de bastonnage en règle à coup de passages morbidiens et d’accès jumpy. On voit bien que le groupe est une machine de guerre, mais sa prestation est convenue. Le chanteur casse vraiment les pieds avec ses interventions totalement clichesques du style « on était aux US y’a pas longtemps, eh ben ils sont meilleurs que vous, blah blah blah... ». Des vieux avant l’heure, avec des ressorts scéniques pas très loin d’un cirque bien rôdé. Démagogique, condescendant, brutal : tel fut le set de Gojira. Il était tout à fait possible d’y trouver son compte sans honte. Mais il était également possible de n’y rien ressentir, et ce fut malheureusement mon cas.

Enslaved vient trop souvent au Hellfest : 2005 (Fury), 2007, 2009, c’est tout de même un peu rapproché. Même si c’est pour, à chaque fois, donner une prestation classe et chiadée, il faut tout de même reconnaître qu’à force, on finit par être en terrain bien trop balisé : un vieux titre, 4 ou 5 du dernier, 2 d’Isa et un autre de je sais plus quel album... Notons tout de même que par rapport aux autres fois, on a eu droit à un chant clair beaucoup moins timoré. Si je continue à suivre avec plaisir les exploits discographiques des Norvégiens, même dans leur engagement de plus en plus soft, j’avoue ne plus vraiment ressentir leurs passages scéniques comme des événements. C’est à la fois ce qui les distingue et les assimile à Slayer. Attention à la mauvaise pente.

Grand moment pour ce retour des ricains sur le sol clissonnais. Le public répond présent, le son est surpuissant et très fort, et surtout le groupe est en forme. La set-list est bien dosé entre morceaux récents et classiques, et Rob Flynn nous fait son show. Impossible de ne pas céder à cette avalanche de décibels. Les fans participent en chantant, headbanguant et slammant. Et comme d'habitude, le « Davidian » pour terminer le concert est terrible. Gros, gros show !

Sans eux, j’aurais manifestement fait l’impasse sur le Hellfest 2009. Eh non, je ne suis pas venu pour Manowar... Que ceux qui sont venus pour Manowar se dénoncent ! La présence de Killing Joke constitue avec celle de Saint Vitus et de quelques autres un véritable événement tant leurs prestations sont rares en France. Dire que le groupe ne m’a pas déçu relève de la triste platitude. Killing Joke a été impressionnant d’assurance et de rigueur pendant l’heure qui leur était allouée, égrenant avec une classe folle une bonne partie de son premier album, plus tous les classiques d’usage (et notamment « Love like blood », évidemment, ainsi que « Pandemonium »). Jaz Coleman, figure peinturlurée et gestuelle robotique, a su mêler en permanence possession hallucinée et sobriété vocale. La classe quoi. A la guitare, Geordie balance ses riffs dans des sonorités totalement conformes à ce grain acide si particulier qui caractérise son jeu sur album. Le tout, bien que sans aucun rapport avec le metal sonne incroyablement lourd, et merci pour ça à une section rythmique imperturbable. Sobre, puissante, juste et équilibrée : la prestation scénique de Killing Joke a tout simplement été parfaite. Seul Electric Wizard, de mon point de vue, lui sera égal sur la base de ces paramètres.

La mode est à la reformation des groupes de thrash (Forbidden, Heathen, etc…) et de toutes ces reformations, celle de Sacred Reich m’excitait le plus. Avec une flopée de très bons albums, le thrash de SR, puissant, incisif, politique et non dénué d’humour avait marqué la scène de son empreinte à la fin des années 80 début des années 90. Les voici de retour pour une seconde tournée européenne après celle de l’été 2008. Quand le groupe monte sur scène, on se rend compte que les années ont passé pour tout le monde : Phil Rind a grossi, certains membres ont bien vieilli et les cheveux commencent à tomber. Et le look est à la « cool » pour tout le monde. Par contre, ça joue bien et c’est le principal ! Même si le groupe n’est pas aussi affûté qu’un Kreator, Sacred Reich sait encore faire parler la poudre et se trouve porté par une set-list enchaînant les tubes. Petite surprise, Dave McClain ancien Sacred Reich, viendra taper le bœuf sur un morceau, quelques minutes après avoir assuré sur la Mainstage avec Machine Head. Bien bon concert.

Notre équipe n’aura pas tenu 10 minutes devant Marilyn Manson : musiciens amorphes, sonorisation aggressive et plate, frontman autiste. Trop fatigués et plus assez indulgents pour supporter le Manson circus et son triste sire, on file au dodo !