Mars - Avril 2002

IMMORTAL "Sons of northern darkness" (Nuclear Blast)


Christophe "Son of southern merguez" Nogues

Tout d'abord, je voudrais revenir rapidement sur les nouvelles habitudes des labels en matière de CD promos. Frank s'étant largement exprimé dans son édito, je rajouterais que c'est un système écœurant, insultant pour nous, et dénotant un manque total d'ouverture d'esprit. Depuis que je fais partie de Decibels Storm, je n'ai jamais cessé d'acheter des disques, tellement d'ailleurs, que j'ai du mal à les ranger chez moi ! Je me suis appauvri en même temps que j'ai enrichi des labels comme Nuclear Blast. Fin de la parenthèse. Après 6 disques et plusieurs années d'une fructueuse collaboration avec Osmose Productions, Immortal sort son 7ème album sur Nuclear Blast. Dès le début, on entre dans le vif du sujet, on n'est pas là pour rigoler ! Ce brutal premier morceau ressemble à la période " Battles In The North ", la technique et le gros son en plus. Oui, parlons-en du son. Peter Tägtgren a fait un sacré boulot. La production est ENORME ! La batterie de Horgh dévaste tout sur son passage et les guitares sont superbement mises en valeur. Jamais un groupe de Black n'a eu un son aussi puissant, excepté Dimmu Borgir sur son dernier opus. Musicalement, on a une synthèse de tout ce qu'Immortal a fait dans ses albums précédents. La brutalité et la rapidité de "Battle In The North " et de " Pure Holocaust ", le coté épique du premier album, les évolutions plus " metal " et mélodiques des 2 précédents CD. Dans l'ombre, Demonaz écrit toujours les textes qui, même s'ils commencent à devenir répétitifs (le froid, la neige, les montagnes, les légendes scandinaves…), sont bien plus intéressants que le satanisme bon marché et le bellicisme de bas étage que l'on retrouve trop souvent dans le black. Les rythmiques basse / guitares / batterie n'ont jamais été aussi heavy, les morceaux sont puissants, les riffs tranchants, comme sur ce phénoménal " Antarctica " ou sur l'excellent title-track. Et ce " Beyond The North Waves " final, morceau mid-tempo envoûtant qui nous rappelle le Bathory de " Hammerheart " et " Twilight Of The Gods ", mais en bien mieux ! L'élève a surpassé le maître ! Immortal vient de sortir l'un des tous meilleurs albums de ce début d'année. Ruez-vous dessus !


NINE INCH NAILS " And All That Could Have Been " (Nothing)


Alexis Kieffer

Raisonnement implacable et funeste en sept points :
1) je suis ultra fan de NIN
2) NIN n'a toujours joué qu'à Paris
3) j'habite Toulon
4) je trouv(ais)e ridicule de faire 1000 km pour un concert d'une heure et demie
5) je n'ai donc jamais vu NIN sur scène
6) j'ai acheté ce live il y a une semaine
7) je pleure et m'invective tous les jours depuis une semaine


LOCK UP "Hate Breeds Suffering" (Nuclear Blast)


Christophe Nogues

Et voici le deuxième album de ce "all-star band". Après le départ de Peter Tägtgren, le rôle de chanteur ...enfin de hurleur, est assuré par Tomas Lindberg de feu At The Gates ! Que puis-je dire si ce n'est que c'est une TUERIE !! Marquées par le sceau de Napalm Death, les 16 bombes à fragmentation de ce "Hate Breeds Suffering" vous laminent, vous écrasent, vous pilonnent. Comment rester impassible devant cette brutalité insensée, à la limite de la rupture, mais pourtant parfaitement maîtrisée ? La production puissante et massive ne fait qu'accentuer l'impact de chaque chanson. Que ce soit la batterie de Nicolas, les guitares de Jesse, les lignes de basse de Shane, ou les vocaux éraillés de Tomas, tout est basé sur l'efficacité maximale. Si vous voulez savoir quel effet ça fait de recevoir un 38 tonnes dans la gueule, et bien écoutez ce " Hate Breed Suffering " à fort volume chez vous ; résultat garanti !


DECAPITATED " Nihility " (Earache)


Alexis Kieffer

Après avoir osé sortir le disque d'un groupe polonais qui a depuis fait son chemin, Vader, Earache remet ça avec Decapitated. Si à l'époque Vader faisait gentiment rire avec son thrash/death artisanal et naïf, Decapitated fait, lui, carrément peur. Voici un groupe dont on annonce que les membres ont une moyenne d'âge de 19 ans et qui se permet cependant (ou peut-être justement) de sortir un album d'une puissance rare, technique, violent, radical. Même si l'expression a souvent été galvaudée, on se doit de parler ici d'un retour aux sources du death-metal. Solos de guitares dignes de Morbid Angel, riffs saccadés façon Suffocation, son énorme, le tout dans une ambiance martiale et sèche comme un coup de fouet sur un corps transi. La grosse claque ! Decapitated capture l'âme du death metal comme seuls les pionniers y étaient jusqu'à ce jour parvenus. L'album parfait. Achetez !


DANSE MACABRE "E V A" (Hammerheart)


Christophe Nogues

Second album pour ce groupe qui comporte à sa tête Gunther de Ancient Rites. Ici, point de black mais un gothic-metal tirant par moment vers l'electro et l'indus. Bénéficiant d'une production claire mais un peu "creuse", c'est l'un des premiers CD de ce genre à paraître sur Hammerheart. L'écoute me laisse un impression mitigée... Les morceaux s'enchainent, mais peu laissent un grand souvenir. Bien par moment et pathétique par d'autres, cet album comporte un peu trop de clichés (chant féminin peu original, loops technoïdes, etc..). Après 2 ou 3 écoutes, on n'a pas tellement envie d'y retourner. Tant pis, l'effort était intéressant, mais le résultat est plutôt anecdotique. Copie à revoir.


COUNT NOSFERATU KOMMANDO "Ultraviolence über alles" (Kodiak)


Alexis Kieffer

Le label Kodiak met un point d'honneur à offrir à ses groupes un son énorme. Lorsque ce son est accolé à une musique de déséquilibrés, on tient un album d'une violence inouïe. Le titre de l'album est ô combien justifié. Count Nosferatu Kommando (CNK) me fait penser à une espèce de croisement entre la musicalité électronique d'un Kovenant et la radicalité des divins Zyklon. Ce groupe à la stature internationale incontestable a toutes les qualités pour devenir une référence sur la scène extrême mondiale tant il est capable d'égrener sans aucune marque de fatigue des morceaux tous plus féroces les uns que les autres. Quand je pense à l'aura dont continue de disposer Fear Factory malgré la piètre qualité de ses deux derniers albums (deux sur quatre, c'est quand même beaucoup), je ne peux m'empêcher d'imaginer le phénomène commercial que pourrait constituer CNK qui dans le genre cyber-violent est autrement plus efficace que les obèses susnommés. Il fallait quand même oser mêler des orchestrations façon Samael, des riffs purement thrash et des vocaux faisant parfois penser aux plus immondes beuglantes punk. CNK joue la musique que Impaled Nazarene devrait jouer si ces imbéciles n'avaient pas décidé de faire du Gamma Ray amélioré (c'est pas dur).

DISINTER "Demonic Portraiture" (Morbid Records)


Christophe Nogues

Et voilà un vrai groupe de seconde zone... mais de qualité ! Venant de Chicago, USA, Disinter officie dans un thrash/death assez accrocheur avec ce qu'il faut de brutalité et de "mélodie". Contrairement à leurs compatriotes, leurs influences death sont plutôt européennes; d'ailleurs ils reprennent "Blinded By Fear" de At the Gates (inutile de vous dire que cette reprise est très largement en dessous de l'original !!). Les compos sont carrées et efficaces, et elles ne sont pas uniquement basées sur la brutalité; d'ailleurs elle sont plus intéressantes que ce que peuvent produire beaucoup de groupes de brutal grind/death ces temps-ci.


HYPOCRISY " Catch 22 " (Nuclear Blast)


Alexis Kieffer

Il y a quelques années, Gorefest avait défriché le créneau du death groovy. Evidemment, avec Hypocrisy, ça prend des allures homériques et carnassières. Nous savons tous que Peter Tägtgren connaît TOUT du death et du metal violent en général. Il est capable de les accommoder à toutes les sauces, sans se fouler. Ce qui frappe est le côté littéralement transperçant des guitares. Une curiosité. Cette fois, il a donc décidé de la jouer sautillante. Enfin , entendons nous. Quand j'en lis qui accolent le nom de Slipknot à cet album, je dis attention ! Nous restons dans une lignée européenne, c'est à dire puissante mais précise et intransigeante sur les principes. Si l'on peut en effet renifler quelques relents de modernité, on ne peut cependant prétendre que tout lien avec la tradition scandinave soit définitivement rompu. Ce serait d'ailleurs un comble au vu du pedigree du bougre. Il s'agit en fait d'un album bien malin et au travers duquel Hypocrisy a tout bonnement poursuivi les expérimentations qui émaillaient ses dernières productions. Il s'avère simplement que Tägtgren est capable de faire évoluer son art sans avoir besoin de pomper qui que soit.


ZOMBIE EATERS "Bruit(r)iste" (Bad-Eyesoup.prod)


Christophe Nogues

Je ne veux être ni chauvin, ni nationaliste mais la scène française " metal ", dans sa plus large acception, a gagné en qualité générale depuis 2 ou 3 ans. Que ce soit dans le heavy (Heavenly, Adagio…), le thrash (le fracassant retour de No Return, Gojira,…), le Black (Anorexia Nervosa…), le death (Carcariass,…), la fusion (Mass Hysteria…) et autres neo-metal. Preuve de cette vitalité, les Bordelais de Zombie Eaters. Depuis quelques années, leur nom circulait dans l'underground, et apparaissait régulièrement dans les pages " Démo " des magazines. Ils sortent enfin leur 1er album. Du bon neo-metal, plus varié que nombreux de leurs compatriotes, avec des relents de Faith No More, mais moins systématiquement influencé par les groupes américains comme peuvent l'être des groupes comme Pleymo ou encore Watcha, à leurs débuts. L'alternance du chant en français et en anglais ne nuit pas à l'ambiance générale mais on peut avoir une petite préférence pour le chant en français. Les compos sont assez variées, alternant mélodies et brutalité. De plus, le groupe nous réserve 2 petites surprises : la participation vocale (et uniquement vocale, hélas…) de la charmante Laure Sinclaire, ex-hardeuse de son état, et une petite reprise de " Take On Me " de A-Ha en ghost-track. Allez-y, c'est du tout bon.


DIVISION ALPHA "The Dekta Release" (Holy records)



Alexis Kieffer

À la croisée des chemins entre indus, metal et goth, ce second album de Division Alpha constitue un excellent exercice de style sombre, un peu à la manière des divins Kill The Thrill, le côté cyber en sus. L'aspect noir est tellement présent que l'on aurait tendance à ne pas vouloir faire le pas qui permet de s'imprégner réellement de ce milieu inquiétant. Il faut faire l'effort car ce n'est pas si souvent que l'on se trouve face à un disque si constant et si appliqué dans la recherche du malaise et de l'angoisse. Comme un exorcisme, cet album est une épreuve effrayante dont on sort secoué mais régénéré. En tout cas, on sent bien qu'il s'agit de la dernière parcelle de vie avant le néant. Un album tout en climats, qui alterne minimalisme et trouvailles sonores avant-gardistes. Division Alpha ne ressemble à rien de connu et creuse son sillon inexorablement, avec patience et sérieux. Et s'ils continuent dans cette voie, ils auront dans 4 ou 5 ans, à la manière de Godflesh, une des plus belles et solides discographies du genre.


DIMENSION ZERO "Silent Night Fever" (Regain rec.)



Alexis Kieffer

Mélangeant allègrement riffs thrash façon Metallica de la meilleure époque (vous savez de quoi je parle) et voix inspirée par Impaled Nazarene, Dimension Zero surfe éhontément sur la vague old school qui se déverse sur nous depuis deux-trois ans. Vraiment rien de nouveau. Passons.


DIABOLIC "Vengeance Ascending" (Season of Mist)


Christophe Nogues

A ses débuts Season of Mist avait gagné une partie de sa très bonne réputation en signant des groupes originaux, éloignés des clichés habituels tels Bethzaida ou Oxyplegatz. On a l'impression maintenant que le label marseillais s'éloigne de cette " ligne de conduite " pour signer de groupes plus " tendance ". Preuve en est avec le Black Dawn et le nouvel album de Diabolic. Ce dernier est du pur death-metal américain influencé entres autres par Morbid Angel. Donc, c'est brutal, assez technique et bien joué, bien produit, mais bon, trop nombreux sont les albums qui sortent dans ce style et cela ne m'émeut pas beaucoup. Je sais que c'est le genre de CD qui fout la trique à une horde de fans chevelus et bruyants ; fans qui par moment doivent être indécis avant d'acheter tellement il sort d'albums de death-metal brutal d'honnête qualité. Et un de plus ! Au suivant ! Donc, à vous de voir. Pour ma part, je retourne écouter le dernier Immortal.


THEATRE OF TRAGEDY "Assembly" (Nuclear Blast)



Alexis Kieffer

Que l'on arrête de nous saouler avec des phrases du genre "ah ! c'était quand même mieux du temps où ils jouaient du doom gothique". Theatre Of Tragedy est le seul, je dis bien le seul groupe de metal dont la reconversion électro soit aussi assumée et réussie. Epanouie est le terme exact. J'admire la façon dont ils ont su évoluer sans aucun scrupule. Le précédent album, "Musique" était déjà très bon, j'ose l'affirmer. Ce nouveau est tout simplement excellent. Ils vendent plus de disques qu'avant ? Et alors ? Ce n'est pas un crime. Je vais même vous dire, je préfère leur attitude à celle d'un Tiamat ou d'un My Dying Bride qui arrivés au milieu du gué ont préféré baisser la culotte et faire machine arrière. Theatre Of Tragedy a des couilles. Ça paye, tant mieux. Le public est peut être con, mais il sait distinguer ceux qui se font plaisir, de ceux qui se tâtent, avancent, reculent (comment veux-tu, comment veux-tu …). Cet album de Theatre Of Tragedy respire la plénitude et l'aboutissement de ceux qui savent avoir raison. À l'image d'un The Gathering, Theatre Of Tragedy ne connaît plus le doute, dit oui à la vie et vole haut, très haut.


DEMONS OF DIRT "Killer Engine" (Hammerheart)



Alexis Kieffer

Cette pâle resucée de Blackstar et de At The Gates, avec en prime un son très moyen ne convaincra strictement personne de sensé. On blâmera par-dessus tout l'épouvantable son de batterie et les pénibles criailleries du chanteur. Allez, ouste !


SINISTER "Creative Killings" (Hammerheart)


Christophe Nogues

Pour ce nouvel album, Sinister a du remplacer son chanteur. Et ce nouveau vocaliste est... une chanteuse ! Mais à l'écoute, pas de changement c'est bien des grognements death, bien caverneux ! C'est une Hollandaise mais elle ne pourrait pas chanter dans The Gathering...! Musicalement, Sinister n'a pas changé d'un iota. Leurs morceaux vont droit au but ; ils ne se contentent pas de vous fendre le crâne, ils continuent de vous frapper quant vous êtes à terre. La production est bien puissante et claire, ce qui accentue d'autant plus le coté "boucherie" de l'ensemble. Mais, il faut attendre le dernier morceau pour trouver des innovations et de nouvelles sonorités... manque de pot c'est une reprise de Possessed ! La seule notion de créativité se trouve dans le titre "Creative.. "! Un bon album d'un des vétérans de la scène européenne, mais qui garde toujours à mes yeux le statut d'éternels seconds couteaux.


NUDE " Cities And Faces " (Scarlet rec.)


Alexis Kieffer

Ce disque moisit sur mes étagères depuis deux mois : chroniquera ? chroniquera pas ? Finalement, chroniquera. Pour vous dire à quel point ce pompage éhonté de Paradise Lost/Depeche Mode est honteux et à quel point la vue de ce chanteur hermaphrodite m'est pénible. En plus, on ne peut même pas leur dire d'aller se faire foutre, car ils seraient capables de baisser leur froc et de nous dire : chiche ! Une fois de plus, mon attitude instinctive et première était la bonne : ignorons ces gueux.


BEWITCHED "Rise Of The Antichrist" (Osmose)


Christophe Nogues

Il y a quelques années, Bewitched, qui comportait en son sein Blackheim (Katatonia, Diabolical Masquerade), sortait son premier album. Bien reçu par la critique, il fut à l'origine du heavy-black, mélange entre le heavy typé années 80 (Maiden, Judas Priest, Accept) et le black-metal (surtout pour les vocaux, les ambiances sataniques et le coté "rageur"). Pourtant, comme nombre de groupes qu'ils ont inspiré, les Suédois n'ont jamais réussi à décoller, à sortir d'une certaine confidentialité, et à dépasser un simple succès d'estime. Une des raisons est que Bewitched n'a jamais sorti "l'album" qui aurait pu les aider à vaincre, et cela ne va pas changer avec celui-ci. Musicalement trop proche du précédent, et sûrement du suivant aussi, "Rise Of The Antichrist" est pourtant bon, fort sympathique, mais trop uniforme. C'est le genre d'album que l'on écoute une bière à la main, une cartouchière en guise de ceinture, en headbanguant et en portant un vieux tee-shirt Accept ou Kreator sentant la naphtaline… Les connaisseurs l'auront déjà acheté, les autres auront orienté leurs achats vers d'autres univers métalliques.


HOUWITSER "Rage Inside The Womb" (Osmose productions)


Christophe Nogues

Houwitser avait commencé comme un projet alternatif de 2 membres de Sinister (le batteur Aad et l'ex-bassiste Michel). C'est devenu un groupe à part entière. Généralement, quand des musiciens se lancent dans un projet alternatif, c'est pour proposer une musique différente... Et bien là, mauvaise pioche ! On a affaire à du brutal death comme chez Sinister. Bien produit et extrêmement bien joué, leur death-metal reste tout de même peu original. Ce qui est flagrant c'est que tous ces groupes jouent la même musique; ils sont tous interchangeables ! Alors, oui c'est efficace ! Oui, c'est brutal ! Oui, certains morceaux vous donnent furieusement envie de slammer tout seul dans votre salon, ou de découper à la hache votre voisine trop bruyante ! Mais finalement, le genre tourne en rond... et risque de nouveau de s'auto-asphyxier par excès de groupes, de disques, de labels. Un album correct sans plus, qui pourra satisfaire sans problème les malades de brutal-death, mais pour les autres...


BLOCKHEADS " Human Parade " (Bones Brigade)


Alexis "anti-punk" Kieffer

Le grind core est en plein renouveau et les disques pullulent. Blockheads propose une interprétation assez ouverte du genre, avec un son et des riffs assez tranchés, très marqués par les canons du punk. Le gros point faible de ce disque réside dans les voix qui manquent singulièrement de puissance et ne répondent nullement à la puissance des compositions. Réellement dommage. Pour le reste, on louera la cohésion de l'ensemble et la volonté de se démarquer de l'habitude qui consiste souvent dans ce style à singer Napalm Death et Brutal Truth. De là à crier au chef d'œuvre, il y a un pas que je ne franchirai point car ce disque est très punk et un album punk ne pourra jamais être un chef d'œuvre.


GURKHAS " A Life Of Suffering " (Morbid records)


Alexis Kieffer

Zim boum, zim boum, on est méchant, on joue du death, on a faim et on va tous vous tuer. Euh, oui, sauf que personne n'a peur. Ces grands dadais de Gurkhas ont beau poser en tenue de commando au dos de leur pochette d'album, on est loin de la terreur. Pour tous ceux qui ont écouté le fabuleux " Signs Of The Decline " de Massacra, cet album constituera une inutile redite dans le créneau thrash-death féroce. Les autres n'ont strictement rien à foutre de ce style et passeront directement à la chronique suivante. Ce type de produit est complètement obsolète comparé au maëlstrom sanglant que nous proposent les bouchers de Count Nosferatu Kommando.


ADMORTEM "Living Through Blood" (Adipocere Records)


Christophe "The Incredible troubadour" Nogues

Burrrffpp Groumpff ! Non ce n'est pas un rot (je suis trop poli pour roter pendant que vous lisez cette chronique) mais bien le refrain de la deuxième chanson… Véritable ode à la beauté, à l'amour et à la poésie bucolique, la musique d'Admortem est un régal pour les oreilles, l'âme et le cœur (bien saignant le cœur, svp…). Cela faisait longtemps - environ 2 jours - que ne j'avais pas chroniqué un album aussi original, aussi innovateur et aussi beau (…le lavabo). Ce genre de disque qui change votre vision du monde et votre vie. D'ailleurs, depuis ce jour, je ne mets plus mes doigts dans le nez, je les mets dans celui des autres, je fais la collection des petits chiots morts (d'ailleurs, j'ai un joli petit boxer en double, qui veut me l'échanger ?), je fais l'amour 3 fois par jour à mon ex-petite amie (qui est morte depuis 2 ans…), et je pense démissionner de mon emploi de cadre dans l'informatique pour devenir médecin légiste ou au pire travailler dans un abattoir… humain. Tout m'apparaît plus beau (ah, les jolies charognes animales sur le bord des routes en été), je vois tout en couleur (rouge sang, noir de cadavre calciné, et tous les dégradés de gris…). Dans mon salon, j'ai remplacé la photo de mon père, ma mère, mes frères et mes sœurs (ho, ho, ce serait le bonheur…), par celles de Jeffrey Dahmer, Pol Pot et Marc Dutroux, que des grands hommes. Je suis tellement heureux que j'ai écrit un poème pour toi cher lecteur (et aussi pour les téléspectatrices de " Fan de "..). Il s'appelle "Xanax doux". Le voici :

Chaque jour que notre Bon dieu faisait,
Il fallait que je pense à bien me branler.
La femme médecin de la grande clinique
Bien des jours avant que je ne la nique,
En me regardant, se mit à me parler :
"Chrichri, tu es un garçon un peu perturbé,
rassures-toi, ici on va bien te soigner.
Prends tes calmants et bientôt tu seras libéré.
"Je répondis : " Enlèves-moi cette camisole,
Je vois bien que c'est toi qui est folle.
Si te refuses, qu'avec moult violence, je t'empale,
Laisses-moi au moins écouter le dernier Immortal.
Et si pour te faire plaisir, je dois faire une promesse,
J'avouerais très sincèrement en te tripotant les fesses :
Oh non, plus jamais je ne me taperais de chèvre,
Je préfère, bien sûr, te mâchouiller les lèvres.

C'est joli, n'est-ce pas ? Beau comme le chant des corbeaux et agréable comme l'odeur du napalm au petit matin. Je vous salue et toutes mes condoléances.


TACTILE GEMMA "Tactile Gemma" (Season of Mist)



Alexis Kieffer

A la croisée de ce que peuvent jouer Portishead et l'actuel The Gathering, Tactile Gemma nous donne une version nordique assez convaincante de ce style déjà vieux de dix ans qu'est le trip-hop. Doté de chanteuses performantes, Tactile Gemma nous pond là un petit album bien torché qui fait bonne figure face aux deux monstres sacrés susénoncés. Pas révolutionnaire, mais extrêmement malin et bien fait.


BLACK DAWN "Blood For Satan" (Season of Mist)


Christophe Nogues

Black Dawn est un groupe de black-metal composé de membres de " l'élite finlandaise "… dixit la biographie. On y rencontre le chanteur de Enochian Crescent et quelques membres de And Oceans. C'est bien produit, brutal et très intense. Si vous aimez Marduk, Setherial, In Battle (tempos supersoniques, voix criardes, sons aigus ultra saturés), vous apprécierez sans problème. Si vous aimez une attitude belliqueuse et des paroles très sataniques, vous serez comblés. Si vous vous régalez avec le vomi des prêtres et le sang des vierges, vous serez ravis (je vous laisse le sang, je garde la vierge…). Si en plus, vous ne cherchez pas d'originalité, alors vous serez conquis ! Et vous vous empresserez d'acheter ce petit condensé de haine. Pour ma part, je retourne écouter le dernier Immortal.


THE CROWN "Crowned In Terror" (Metal Blade)


Alexis Kieffer

Les anciens Crown Of Thorns ont toujours sorti des albums d'une grande qualité sur le plan de la puissance et du son. Aujourd'hui, ils sont astucieusement soutenus par la voix de Tomas Lindberg. Logiquement, tout est donc réuni pour que ce nouvel album soit un succès. Or, sans aller jusqu'à dire qu'il n'en est rien, il faut avouer que sur la distance ce disque est légèrement saoulant. Certes, on y retrouve les qualités du groupe : mélodie, incisivité, mélange des genres américain et scandinave. On eût cependant aimé plus de finesse dans les compositions qui fonctionnent toutes trop sur le même schéma. Un manque de variété dommageable. Malgré de brillantes interventions en guitare et, forcément, une partie vocale très réussie, le fait est là : une fois le disque fini, l'envie de le réécouter ne se fait pas forcément ressentir. Pas plus que le besoin dans la mesure où tout est compris dès la première écoute. Pas assez fin pour susciter la curiosité, Crown n'est pas non plus assez violent pour créer chez l'auditeur cette espèce de crainte révérencielle qui l'amène à se ranger sans barguigner sous l'étendard du chef de meute.


REBAELLIUN "Annihilation" (Hammerheart Records)



Christophe Nogues

Sorti il y a déjà quelque temps, ce nouveau Rebaelliun (from Brésil !!) écrase et concasse ! Tout comme Vader et Krisiun, ces Brésiliens ont la faculté d'écrire des compositions ultra brutales mais qui restent accrocheuses et efficaces. La production est puissante et met bien en valeur l'agressivité des guitares et les monstrueuses parties de batterie. Bien sûr c'est assez linéaire, mais je préfère cela à tous ces combos de brutal death/grind avec des paroles et une imagerie très gore; les Rebaellium ne sont pas forcément plus originaux que tous ces groupes, mais ils ont des "couilles", de la personnalité, et une bonne maîtrise de leur musique. Encore une bonne tuerie venant du Brésil !!


SADISTIK EXEKUTION "Fukk" (Osmose)


Alexis Kieffer

Sadistik Exekution a été l'un des pionniers modernes de l'ultra agressivité. La différence qui les sépare des autres tenants de cette ligne consiste en la réelle folie qui anime les membres de ce " groupe ". On sent que quelque chose de réellement anormal les anime. A l'heure où les plus beaux fleurons de la scène extrême s'engoncent dans le confort douillet de mid-tempos thrash éventés, il est fortement conseillé d'acheter ce disque pour remonter aux sources de ce qui un jour anima des groupes tels qu'Impaled Nazarene et Immortal : la haine. Notons au passage que Sadistik Exekution nous gratifie dans ce disque de quelques passages lents hyper douloureux qui en remontrent férocement à tous les adeptes brevetés du sludge des bayous. Il faut acheter ce disque parce qu'il est bon et parce qu'il est honnête. L'honnêteté est leur seule excuse.


DOMINE "Stormbringer Ruler The Legend Of The Power Supreme" (Dragonheart)


Christophe Nogues

Ah, Domine ! Quand on m'a donné cet album à chroniquer, j'ai fait un large sourire... mais pas de plaisir ! Un sourire ironique et moqueur. J'avais chroniqué le premier album de ce groupe italien pour notre magazine papier, et j'avais trouvé cela plutôt pitoyable : chant quasi-faux, production moyenne, pas d'originalité... Je me suis dit "Cette fois je les assassine...". Cruelle erreur ! A l'écoute de ce CD, je suis tombé sur le cul ! C'est plutôt bon et même très bon !! Ils ont progressé dans tous les domaines, tant et si bien qu'ils deviennent de sérieux concurrents pour la plupart des groupes de la scène heavy actuelle. Le chant, sans être ce qui se fait de mieux, est vraiment plaisant. Les compos sont excellentes comme ce "The Hurricane Master" véritable hymne speed-metal, et "The Ride Of The Valkyries" morceau épique et envoûtant. On peut toutefois regretter la trop grande influence de Rhapsody au niveau des paroles, mais bon passons. Un très bon album qui, avec le nouveau Blind Guardian, m'a réconcilié avec la scène heavy qui commençait à m'insupporter.


APHASIA "Arcane In Thalassa" (Autoproduction)


Alexis Kieffer

Ces jeunes Québécois et fiers de l'être valent mieux que leur look de thrashers tchèques des années 1990. En effet, ils jouent un death-black d'une belle ampleur qui n'est pas sans rappeler ce que pouvait faire Dissection il y a quelques années. Le chant n'est cependant pas bon et rend cet album un peu pénible à la longue. Aphasia s'autoproduit, et comme souvent en pareil cas, on s'aperçoit qu'une oreille extérieure et professionnelle eût sans nul doute permis au groupe d'éviter certains écueils tels que ces passages progressifs trop longs et mal amenés. Sur le plan technique, aucun souci, le groupe joue bien et se sort de toutes les situations avec les honneurs. D'ailleurs le mot doit être repris pour qualifier ce disque : il est honorable.


IN SLAUGHTER NATIVES "Recollection" (Cold Meat Industry)


Alexis Kieffer

Cold Meat Industry va très prochainement rééditer sous forme d'un coffret 5 CD l'intégrale de In Slaughter Natives. Et donc, partant du principe qu'il n'est point de petits profits, sort un CD de 8 titres extraits des 4 albums du groupe. Si l'on peut sourciller devant le caractère ouvertement mercantile de l'opération, on ne peut en revanche éluder que ce survol rapide de la carrière de ce groupe est un vrai bonheur et, c'est d'ailleurs le but, donnera envie à ceux qui ne le connaissaient pas ou peu de se jeter sur ledit coffret. On s'émerveillera notamment devant les deux morceaux extraits du premier album qui date tout de même de 1988. Ces morceaux de style purement electro valaient largement ce que faisaient Ministry ou Nine Inch Nails à cette époque pionnière où tout était à créer en matière d'indus dur. Le souffle de Laibach était déjà là. Il ne quittera plus jamais In Slaughter Natives qui s'avèrera par la suite aussi aguerri que le maître pour finalement le dépasser en audace, en puissance et surtout en noirceur. Il ne fait aucun doute qu'In Slaughter Natives a été le véritable promoteur de ce genre génial consistant à mêler redondances industrielles et sonorités classiques. Nous qui sommes de bons Européens, nous lui en saurons éternellement gré.


KING DIAMOND "Abigail II" (Metal Blade)


Frank Arnaud

Lorsque j'ai vu arriver le Cd du nouveau King Diamond dans notre courrier, mon cœur s'est mis à battre la chamade, un sourire radieux s'est greffé sur mon pâle visage et je me suis précipité pour mettre la précieuse galette dans mon lecteur Cd. Première surprise, je vois que la durée du Cd n'est que de 29 minutes alors que d'habitude, les albums de King tournent plutôt autour de l'heure !? Et puis rapidement, mon sourire se transforme en rictus, puis en hurlement rauque !! Aaaarrrrgh !! Ils ont osé ! Comment Metal Blade (label que je respecte au plus haut degré) a pu oser ! Massacrer ainsi un CONCEPT-ALBUM !!?? En fait, sur les 13 titres du disque, seuls 5 sont dans leur intégralité et parmi ces 5 titres il y a l'intro et l'outro ! En gros 3 titres complet sur 11, les autres chansons durant juste un peu plus d'une minute avant d'être coupées sans vergogne !!! Encore, si c'était pour chroniquer un disque de Death ou de Hcore basique, je dirais cela passe. Mais un concept-album basé sur les ambiances, constitué de morceaux longs et complexes, c'est une véritable insulte faite à King Diamond et ses musiciens (je suis curieux de savoir ce qu'il en pense !). En conclusion, ce disque semble excellent, il semble être l'un des meilleurs de King, il SEMBLE quoi …!!


NECROPHAGIA "Cannibal Holocaust" (Season of Mist)


Orphana

Toujours officiant dans un death-metal particulier, la bande de Killijoy et Phil Anselmo s'aventure désormais dans l'illustration du film gore " Cannibal Holocaust " pour sa prochaine sortie DVD. Cet album présente 6 titres, à savoir des versions démo rares, un hommage à Euronymous, un titre " B.O.F " pour le film, ainsi qu'une plage CDrom. Le contenu de cet album est d'une relative intensité, par le côté inédit des titres proposés, mais sans se vouloir banalement brutal. Necrophagia reste intègre et fidèle à sa propre conception de la composition. Dommage que le CD ne dure que 17 minutes, mais c'est très bien quand même.


FALCONER "Chapters From A Vale Forlorn" (Metal Blade)


Frank Arnaud

Vous souvenez-vous de Mithotin !? Cet excellent groupe scandinave a splitté en 1999, mais son mentor, Stefan Weinerhall, n'a pas décidé d'arrêter pour autant la musique. Accompagné de son compère de batteur Mathias et de nouveaux zicos, Stefan sort avec Falconer son deuxième album (mince, nous aurions raté le premier !?) enregistré sous la houlette du prolifique Andy La Roque. J'avais adoré Mythotyn, allait-il en être de même avec Falconer. Et bien, je crois pouvoir affirmer que les gars ont fait sacré bon boulot avec cet opus ! Moins sombre qu'à l'époque Mythotyn, Falconer propose un heavy-metal teinté d'influences et de mélodies folk scandinaves. Loin des stéréotypes du moment en matière de Heavy, Falconer tire son épingle du jeu grâce à un très bon chanteur possédant un timbre de voix original, une production remarquable et un sens de la composition des plus aiguisés . Le groupe ne révolutionne pas le genre mais je serais bien incapable de le comparer à qui que se soit ! Et aujourd'hui, l'originalité cela vaut de l'or en barre… et toute notre considération ! Viva Falconer !


SLEEPLESS "Winds blow higher" (The end records)


Alexis Kieffer

Jusqu'à présent, les groupes venus d'Israël se croyaient toujours obligés de nous gonfler avec des sonorités orientales à la con. (J'en ai autant pour les groupes européens qui nous saoulent avec des parties celtiques).Tel n'est heureusement pas le cas de Sleepless dont les membres ont l'intelligence d'assumer la part d'Occident qui irrigue cette terre. Ici, point de tambourins ni de flûtes arabes. Cet album est en effet une superbe croisière en eaux dark-progressives, entre Tiamat et Pink Floyd. Parfois, on relève même des nappes de claviers façon Tangerine Dream époque Phaedra/Rubycon. On notera par ailleurs de superbes interventions de saxophone triste et des parties de basses très éclairées. Le tout saupoudré de voix des deux sexes, plus murmurées que réellement chantées. Un OVNI vous dis-je. Ah, évidemment, ce n'est ni du black, ni du speed, ni du thrash … En fait, ce n'est pas même du metal. Mais si vous aimez tout ce qui est sombre et douloureux, alors vous devez rechercher et acheter ce disque.
contact : http://www.sleeplesscd.com


GODLESS TRUTH "SelfRealization" (Shindy Productions)


Orphana

C'est rapide, c'est efficace, quoique la batterie ait un son plutôt " roots ". Des riffs propres, carrés, salutaires d'un bon death à la tchèque. Mais toujours très fidèles aux influences européennes, Godless Truth se veut cette fois davantage proche du hardcore des années 80. On y ressent quelque nostalgie de Napalm Death, en revanche le groupe reste lui-même, évoluant en puissance, et sans se cantonner en un style statique. " SelfRealization " offre également un titre bonus, sans concept particulier, et sans évoquer une censure quelconque, enfin bon, si ça leur fait plaisir… Bref, Godless Truth est Godless Truth, toujours aussi efficace, gravissant les marches du death brutal avec bravoure et rigueur, ce qui est bien, mais pas top.


CAYNE "Old faded pictures" (Scarlet rec.)


Alexis Kieffer

Les deux derniers Paradise Lost ne sont pas bien vendus. Il est cependant troublant de constater le nombre de groupes inspirés par ses deux albums. Les types de Cayne (des transfuges de Lacuna Coil) savent parfaitement que cette influence leur sera envoyée à la figure. Ils ont sciemment choisi d'y faire face et doivent donc assumer. Cet album est donc un pur ersatz de Paradise Lost dernière mouture, personne n'a le droit de le contester. Mélodies pop, son moyennement heavy, excellente production : ce produit qui ne vous empêchera pas de dormir et, une fois assoupis, ne provoquera ni cauchemars ni rêves orgiaques. La neutralité absolue. Est-ce bien ce que l'on est en droit d'attendre d'un disque de rock ? Le metal est-il encore rock ? Le débat reste ouvert, même si j'ai ma petite idée sur les deux questions.


SUFFOCATE "Lust For Heaven" (Erebos Productions)


Orphana

D'abord, une intro très indus. Puis, un premier titre presque amusant, bardé de cris et de voix claires en tous genres. Ce nouvel album a un contenu intéressant, du point de vue des compos, car Suffocate se veut brutal, mais à défaut d'une production bien menée, le groupe met le paquet. Finalement, cela suffit à prouver ce dont ces joyeux drilles sont capables, car bien que Suffocate soit un groupe qui ne révolutionne encore pas le genre, chaque morceau est original, le style leur appartient, il n'y a pas deux groupes comme celui-ci. Le genre est bien franchouillard, rien de bien morbide ni de lourdingue dans les compos, mais d'une crédibilité sans pareil. C'est bien cool, Suffocate est doté d'un certain talent, et d'une capacité à se forger un style propre, qui les démarque de bien des groupes aux mêmes influences.


THE MEADS OF ASPHODEL "The excommunication of Christ" (Supernal music)



Alexis Kieffer

En voilà un disque coquin. Pensez donc que ce groupe de black metal bizarre compte parmi ses invités à la fois le chanteur de Bulldozer, groupe culte de black des 80's et un guitariste de Hawkwind ! Ceci pour vous donner une petite idée du registre balayé par cet album. Entre une pincée de claviers que Covenant n'aurait pas reniés (genre clochettes), certaines lignes mélodiques dignes du Moonspell époque Wolfheart, des breaks médiévaux (mais pas chiants), et des envolées de guitares 70's, on comprend immédiatement que l'on tient un objet assez classieux dans son genre. Ajoutez la pochette monthy-pythonesque à souhait et vous obtenez une espèce d'OVNI. Ceci-dit, la bio nous apprend que le groupe, dont ce n'est pourtant que le premier album, jouit d'une solide réputation outre-manche ce qui ne m'étonne guère lorsque l'on connaît le côté délicieusement snob des british. Très plaisant, et surtout tellement dépaysant au moment où Immortal s'apprête à sortir le même album pour la troisième fois.


EMBOLISM "…And We All Hate Ourselves" (Erebos Productions)


Orphana

Pas beaucoup de paroles, mais on s'en fout royalement puisqu'il s'agit d'un groupe de gentil grindcore. Le chant très guttural s'aventure parfois dans une espèce d'épanchement pour le black. Mais le tout demeure bien death-grind. L'ensemble de l'album est très homogène, doté d'une rigueur certaine, mais avec un goût de déjà vu. Les guitares jouent dans une tonalité flatteuse pour le death, mais sans particularité pouvant marginaliser Embolism. Ce qui est intéressant dans l'œuvre du groupe, ce sont les parties mitraillées par une batterie furieuse, et des " wouaaargh " gutturaux efficaces. Cela fait plaisir à entendre. Mais c'est tout.


WHITE HOTEL "First water" (Spirit of jungle)


Alexis Kieffer

Là, j'aime mieux vous avertir d'emblée, ce n'est pas du tout du metal. Sauf si l'on considère qu'est du metal tout ce qui peut ressembler à ce qu'à pu un jour jouer un groupe de metal. Dans ce cas c'en est, car la musique de White Hotel ressemble beaucoup à celle que jouait Alice In Chains sur les deux mini-lp " Sap " et " Jar of Flies ". Mais sérieusement, ce n'est pas du tout métallique. Certes, le groupe envoie la sauce ici où là, mais ça ne dure jamais plus que quelques secondes. En tant qu'habitué des musiques bruyantes, on pourrait évidemment le regretter car ces rares montées d'adrénaline sont absolument somptueuses. Mais il ne faut pas aborder ce disque avec ce genre d'idée, sinon autant aller directement s'acheter le dernier Slayer, ça ira plus vite. Non, ce que joue White Hotel est en lui-même très beau, surtout que plus j'y pense et plus je trouve qu'on y retrouve aussi des traces de Talk-Talk époque Spirit of Eden (un truc totalement invendu, progressif, triste). Les percussions, j'y suis sensible, sont fabuleuses de délicatesse. Vraiment un disque à acheter.


ABOMINATOR "Subversives For Lucifer" (Osmose Productions)


Orphana

Oulala, comme c'est bien ça ! Très jouissif, en tous cas. Quoi, vous n'avez pas fait écouter à votre cher(e) et tendre le dernier album d'Abominator pour la (le) faire grimper aux rideaux le soir de la St Valentin ? Quel dommage, car pour une bonne montée d'adrénaline, il n'y a rien de tel. D'une humeur assez guerrière, Abominator délivre toute sa hargne de manière très majestueuse dans cet album, déjà culte. Les tempos sont insolemment rapides, le chant délicieusement énervé, les mélodies bestialement enchanteresques. La production est excellente, et chaque titre est un plaisir brutal qui ne vous laissera pas indemne. Oh oui, encore ! !


HERTZ AND SILENCE "Bio]un[logical" (Next music)


Alexis Kieffer

Avec un son comme ça, il ne fait aucun doute que Hertz And Silence va littéralement enflammer les scènes sur lesquelles le groupe se produira. Ceci posé, c'est un disque qui est à chroniquer et non des futures prestations scéniques. Les influences de Hertz And Silence sont résolument à chercher vers ce que le thrash américain fait de plus puissant et de plus agressif : Machine Head, Fear Factory, Prong, Pantera … Du point de vue de l'énergie, pas de problème, le compte y est largement. En revanche, on ne peut que déplorer une certaine incapacité à tenir la distance, à proposer un ensemble cohérent, tant au sein des morceaux eux-même qu'en ce qui concerne l'album pris dans son ensemble. On ne peut que regretter l'isolement des tentatives d'aérer les morceaux par l'usage de voix claires ou d'effets électroniques. Hertz And Silence a un potentiel énorme. Il lui reste à savoir mieux calculer la trajectoire et la portée de ses scuds.


UHRILHITO "Viha Ja Ikuinen Vitutus" (Coldblood Industries)


Orphana

Ppfff, on me confie la chronique d'un groupe de black, donc je vais tâcher d'être la plus objective possible… Bon, d'abord, je vous mets au défi de prononcer le nom de ce groupe (Uh - ri - lhi - to, facile pour ceux qui connaissent le scandinavo-japonais !), puis de retenir par cœur le titre de cet album. A voir la gueule peinturlurée en noir et blanc de ces gentils messieurs, je m'attendais à découvrir un album de black basique, plein de synthé et de passages au taquet, avec un bon dégueuli de "yayayayaaaa !" grinçants. Et bien, mon impression fut la bonne. Pas que ce soit nul, mais presque. En tous cas, absolument rien de nouveau, aucune personnalité dans ce groupe, c'est à la limite du méprisable. Dommage, le son et la production sont nickels.

TIAMAT "Judas Christ" (Century Media)


Alexis Kieffer

Ah Tiamat ! N'oublions jamais l'importance de l'album "Wildhoney " qui a officiellement ouvert l'ère du "metal-goth-atmosphérique". Il faut cependant reconnaître que le public ne les avait pas suivi dans l'aventure "Deeper kind of slumber" qui était pourtant un album magnifique. Comme My Dying Bride le fit avec "The light at the end of the world", Tiamat opéra un recentrage metal avec "Skeleton Skeletron". Sans réel succès, l'opération relevant trop du minimum syndical. On a lu dans la presse officielle que ce "Judas Christ" ne serait pas l'album de la résurrection. Et s'il est exact que Tiamat se vautre avec de moins en moins de complexes dans les mélodies "commerciales" (le mot est stupide), avouons qu'il le fait avec un talent consommé et que cet album dégage une belle homogénéité. Evidemment, le reproche que l'on peut faire à ce type de production est de manquer d'âme. Surtout si l'on se réfère au mètre-étalon du genre, Anathema, dont les albums sont si "habités". Il est clair que Tiamat a perdu cette guerre-là. Poulidor du "rock-metal", il n'en demeure pas moins une valeur sûre dont il serait non seulement injuste mais également absurde de se priver.


GOTHIC "Deathcography 1991 - 2001" (Mafia Underground)


Orphana "Du Calme !"

24 titres du groupe mythique de death-grind parisien ! Pour ceux qui ne connaissent pas, c'est l'occasion de faire un tour d'horizon de ce groupe culte en matière d'ultra brutal ! Grosso modo, ça tue tout, ça fracasse tout, ça arrache tout, ça fait bander, ça fait mouiller. C'est sans pitié et c'est trop bon !


ADEMA "same" (Arista)


Alexis Kieffer

Le chanteur d'ADEMA est le demi-frère du demi-dieu Jonathan Davis. Un quart de dieu en quelque sorte. Alors, évidemment, la maison de disque sticke l'album de la mention "la relève néo-metal". Mais, honnêtement on est loin des sautilleries de Korn et consorts. Il s'agit plutôt de gros rock moderne, un peu façon Stabbing Westward, l'électronique en moins. Evidemment, vu les moyens mis à la disposition du groupe, le son est énorme. La qualité première de cet album est de jouer profil bas, de ne pas nous saouler avec des relents hip-hop et des grattements de disques. Il ressort de cet album une belle et forte énergie qui en rend l'achat recommandable.


MORTIIS "The Smell of Rain" (Earache)


Orphana

Ca y est, il semblerait que l'elfe des bois ait trouvé sa voie. Après l'expérience de 2 albums médiévaux-ambiant parfois hésitants, Mortiis se lance dans la grande aventure de l'electro gothik. Et c'est assez réussi. Les titres demeurent variés, et exquis par le punch et leur diversité d'ambiances. Mortiis se révèle être également un bon chanteur, pas aussi bon cependant que l'imposante diva qu'est Sarah Jezebel, qui intervient à plusieurs reprises dans l'album. La dadame nous fait l'offrande de quelques voix claires un peu à la Liv Kristin, mais de manière plus talentueuse que cette dernière. Son lyrisme vocal est toujours là, mais en tant que chœur. "The Smell Of Rain" est une des meilleures surprises des dernières sorties d'albums, car pour une fois, Mortiis sait où se positionner musicalement parlant, exprime son talent sans pudeur et sans demi-mesure, et se place en une certaine originalité. Un album très professionnel, mais très marquant aussi par son surprenant contenu.


STAIND "Break the circle" (Flip records)


Alexis Kieffer

Continuons dans les produits labellisés "néo-metal". Ce farceur de Frank m'a vendu la chronique de cette chose en affirmant qu' "on dirait du Alice In Chains". Etant un fan de ce groupe depuis ses premières heures, je puis affirmer que la comparaison est des plus hardies. Alors qu'Alice In Chains est ce que l'Amérique a produit de plus beau avec Soundgarden au cours des années 90, Staind est un vulgaire produit de série qui ne dépasse jamais le stade de l'opportunisme. Ceci est un produit de consommation courante pour ados américains prépubères, une espèce de bande-son idéale pour la série "Dawson". Ca vaut toujours mieux que du rap, mais pas beaucoup plus.


ABADDON INCARNATE "Nadir" (Sentinel)


Alexis Kieffer

A tous ceux qui comme moi (je le confesse) trouvaient du dernier chic d'affirmer que le grind s'était arrêté avec le deuxième Brutal Truth, Abadon Incarnate assène une éclatante contre-démonstration. Je n'en dirai pas plus car il est déjà suffisamment traumatisant d'avouer en public s'être trompé quant on est habitué à avoir TOUJOURS raison.


MERCENARY "Everblack" (Hammerheart rec.)


Alexis Kieffer

Euh, d'où ça sort cette tuerie ??? Riffs de psychopathes, son de hauts fourneaux, solos de guitare au scalpel, vocaux transperçants. La bio mentionne un premier album de 1998 qui aurait été acclamé. Je dois avouer que je n'en ai jamais entendu parler, mais s'il était du calibre de celui-ci, les acclamations étaient 100% méritées. La seule mention des influences reconnaissables fera immédiatement comprendre l'ampleur du phénomène : la finesse sadique de Carcass, la puissance de Machine Head, le lyrisme de Candlemass. A la vérité, on pense à un genre de The Blood Divine avec un chanteur qui saurait chanter et un son approprié à un groupe professionnel. Le tout paré d'une robe sonore scandinave (le groupe est danois) du meilleur effet car ne singeant absolument pas ce qui se fait ailleurs. Si Mercenary ne devient pas très gros, c'est à désespérer définitivement du public metal.


KHANATE "Khanate" (Southern Lord)


Alexis Kieffer

À tous ceux qui pensaient que la vitesse était le chemin le plus court pour exprimer la haine, Khanate oppose un démenti cinglant et douloureux. Qu'on se le dise : la haine s'exprime mieux lorsque l'on prend le temps de l'épeler, lettre après lettre, note après note, en insistant bien sur les endroits qui font mal. Reprenons depuis le début. Premier indice, Khanate compte parmi ses "membres" deux ex-Old, dont l'un d'entre eux est également un ex-Scorn … Bien ! Ensuite, pour situer les débats, disons que comparé à Khanate, Darkthrone sonne comme du Dave ! Avec en plus, donc, des rythmes faisant passer le premier Cathedral pour " Reign in Blood ". Ajoutez une ambiance malsaine qui me rappelle, en plus noir, évidemment, celle du premier Type O Negative, et vous obtenez, selon moi, l'album le plus négatif et le plus haineux jamais sorti. Et pourtant, en 8 ans de chroniques, j'en ai entendu des vilains, des aigris, des bileux. Mais là, ça outrepasse tout. Ce disque est proprement terrifiant, je ne peux pas mieux dire.


CYPRESS HILL "Stoned Raiders" (Small - Sony)


Frank Arnaud

Ca y est ! J'en vois certains qui poussent des cris, nous jettent des anathèmes au nez en voyant cette chronique ! Je sais, je sais, à l'origine Cypress Hill est un groupe de rap, si ce n'est LE groupe de rap US ! Il se trouve que ce groupe a toujours utilisé des guitares, et de plus, il faut se rappeler qu'aux States, les clivages musicaux entre rock et rap sont 100 fois moins important qu'en Europe. Là-bas, on mélange, on mixe, on sample tout et n'importe quoi et on le fait bien. L'album démarre même par un morceau très électrique que ne renierait pas un Suicidal Tendencies par exemple. C'est vrai qu'après on retrouve de l'excellent rap (oui Alexis, cela existe !) un peu moins de Metal (bien que 3 ou 4 morceaux pètent bien…), des morceaux plus sombres qui vont même lorgner sur le Portishead, des titres avec des ambiances classiques... Un album riche et très varié que je recommanderai évidemment plus aux fans de Pleymo que de Morbid Angel. En tout cas si l'aventure (musicale) vous tente, voilà un album quasi-parfait pour se lancer !




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