Mars
- Avril 2002
IMMORTAL
"Sons of northern darkness" (Nuclear Blast) |

Christophe "Son of southern merguez" Nogues |
Tout
d'abord, je voudrais revenir rapidement sur les nouvelles habitudes
des labels en matière de CD promos. Frank s'étant largement exprimé
dans son édito, je rajouterais que c'est un système écœurant,
insultant pour nous, et dénotant un manque total d'ouverture d'esprit.
Depuis que je fais partie de Decibels Storm, je n'ai jamais cessé
d'acheter des disques, tellement d'ailleurs, que j'ai du mal à
les ranger chez moi ! Je me suis appauvri en même temps que j'ai
enrichi des labels comme Nuclear Blast. Fin de la parenthèse.
Après 6 disques et plusieurs années d'une fructueuse collaboration
avec Osmose Productions, Immortal sort son 7ème album sur Nuclear
Blast. Dès le début, on entre dans le vif du sujet, on n'est pas
là pour rigoler ! Ce brutal premier morceau ressemble à la période
" Battles In The North ", la technique et le gros son en plus.
Oui, parlons-en du son. Peter Tägtgren a fait un sacré boulot.
La production est ENORME ! La batterie de Horgh dévaste tout sur
son passage et les guitares sont superbement mises en valeur.
Jamais un groupe de Black n'a eu un son aussi puissant, excepté
Dimmu Borgir sur son dernier opus. Musicalement, on a une synthèse
de tout ce qu'Immortal a fait dans ses albums précédents. La brutalité
et la rapidité de "Battle In The North " et de " Pure Holocaust
", le coté épique du premier album, les évolutions plus " metal
" et mélodiques des 2 précédents CD. Dans l'ombre, Demonaz écrit
toujours les textes qui, même s'ils commencent à devenir répétitifs
(le froid, la neige, les montagnes, les légendes scandinaves…),
sont bien plus intéressants que le satanisme bon marché et le
bellicisme de bas étage que l'on retrouve trop souvent dans le
black. Les rythmiques basse / guitares / batterie n'ont jamais
été aussi heavy, les morceaux sont puissants, les riffs tranchants,
comme sur ce phénoménal " Antarctica " ou sur l'excellent title-track.
Et ce " Beyond The North Waves " final, morceau mid-tempo envoûtant
qui nous rappelle le Bathory de " Hammerheart " et " Twilight
Of The Gods ", mais en bien mieux ! L'élève a surpassé le maître
! Immortal vient de sortir l'un des tous meilleurs albums de ce
début d'année. Ruez-vous dessus ! |
NINE INCH NAILS " And All That Could Have Been
" (Nothing)
|

Alexis Kieffer |
Raisonnement
implacable et funeste en sept points :
1) je suis ultra fan de NIN
2) NIN n'a toujours joué qu'à Paris
3) j'habite Toulon
4) je trouv(ais)e ridicule de faire 1000 km pour un concert d'une
heure et demie
5) je n'ai donc jamais vu NIN sur scène
6) j'ai acheté ce live il y a une semaine
7) je pleure et m'invective tous les jours depuis une semaine
|
LOCK UP "Hate Breeds Suffering" (Nuclear
Blast)
|

Christophe Nogues |
Et
voici le deuxième album de ce "all-star band". Après le départ
de Peter Tägtgren, le rôle de chanteur ...enfin de hurleur, est
assuré par Tomas Lindberg de feu At The Gates ! Que puis-je dire
si ce n'est que c'est une TUERIE !! Marquées par le sceau de Napalm
Death, les 16 bombes à fragmentation de ce "Hate Breeds Suffering"
vous laminent, vous écrasent, vous pilonnent. Comment rester impassible
devant cette brutalité insensée, à la limite de la rupture, mais
pourtant parfaitement maîtrisée ? La production puissante et massive
ne fait qu'accentuer l'impact de chaque chanson. Que ce soit la
batterie de Nicolas, les guitares de Jesse, les lignes de basse
de Shane, ou les vocaux éraillés de Tomas, tout est basé sur l'efficacité
maximale. Si vous voulez savoir quel effet ça fait de recevoir
un 38 tonnes dans la gueule, et bien écoutez ce " Hate Breed Suffering
" à fort volume chez vous ; résultat garanti ! |
DECAPITATED " Nihility " (Earache)
|

Alexis Kieffer |
Après
avoir osé sortir le disque d'un groupe polonais qui a depuis fait
son chemin, Vader, Earache remet ça avec Decapitated. Si à l'époque
Vader faisait gentiment rire avec son thrash/death artisanal et
naïf, Decapitated fait, lui, carrément peur. Voici un groupe dont
on annonce que les membres ont une moyenne d'âge de 19 ans et
qui se permet cependant (ou peut-être justement) de sortir un
album d'une puissance rare, technique, violent, radical. Même
si l'expression a souvent été galvaudée, on se doit de parler
ici d'un retour aux sources du death-metal. Solos de guitares
dignes de Morbid Angel, riffs saccadés façon Suffocation, son
énorme, le tout dans une ambiance martiale et sèche comme un coup
de fouet sur un corps transi. La grosse claque ! Decapitated capture
l'âme du death metal comme seuls les pionniers y étaient jusqu'à
ce jour parvenus. L'album parfait. Achetez ! |
DANSE MACABRE "E V A" (Hammerheart)
|

Christophe Nogues |
Second
album pour ce groupe qui comporte à sa tête Gunther de Ancient
Rites. Ici, point de black mais un gothic-metal tirant par moment
vers l'electro et l'indus. Bénéficiant d'une production claire
mais un peu "creuse", c'est l'un des premiers CD de ce genre à
paraître sur Hammerheart. L'écoute me laisse un impression mitigée...
Les morceaux s'enchainent, mais peu laissent un grand souvenir.
Bien par moment et pathétique par d'autres, cet album comporte
un peu trop de clichés (chant féminin peu original, loops technoïdes,
etc..). Après 2 ou 3 écoutes, on n'a pas tellement envie d'y retourner.
Tant pis, l'effort était intéressant, mais le résultat est plutôt
anecdotique. Copie à revoir. |
COUNT NOSFERATU KOMMANDO "Ultraviolence über alles"
(Kodiak)
|

Alexis Kieffer |
Le
label Kodiak met un point d'honneur à offrir à ses groupes un
son énorme. Lorsque ce son est accolé à une musique de déséquilibrés,
on tient un album d'une violence inouïe. Le titre de l'album est
ô combien justifié. Count Nosferatu Kommando (CNK) me fait penser
à une espèce de croisement entre la musicalité électronique d'un
Kovenant et la radicalité des divins Zyklon. Ce groupe à la stature
internationale incontestable a toutes les qualités pour devenir
une référence sur la scène extrême mondiale tant il est capable
d'égrener sans aucune marque de fatigue des morceaux tous plus
féroces les uns que les autres. Quand je pense à l'aura dont continue
de disposer Fear Factory malgré la piètre qualité de ses deux
derniers albums (deux sur quatre, c'est quand même beaucoup),
je ne peux m'empêcher d'imaginer le phénomène commercial que pourrait
constituer CNK qui dans le genre cyber-violent est autrement plus
efficace que les obèses susnommés. Il fallait quand même oser
mêler des orchestrations façon Samael, des riffs purement thrash
et des vocaux faisant parfois penser aux plus immondes beuglantes
punk. CNK joue la musique que Impaled Nazarene devrait jouer si
ces imbéciles n'avaient pas décidé de faire du Gamma Ray amélioré
(c'est pas dur). |
DISINTER
"Demonic Portraiture" (Morbid Records)
|

Christophe Nogues |
Et
voilà un vrai groupe de seconde zone... mais de qualité ! Venant
de Chicago, USA, Disinter officie dans un thrash/death assez accrocheur
avec ce qu'il faut de brutalité et de "mélodie". Contrairement
à leurs compatriotes, leurs influences death sont plutôt européennes;
d'ailleurs ils reprennent "Blinded By Fear" de At the Gates (inutile
de vous dire que cette reprise est très largement en dessous de
l'original !!). Les compos sont carrées et efficaces, et elles
ne sont pas uniquement basées sur la brutalité; d'ailleurs elle
sont plus intéressantes que ce que peuvent produire beaucoup de
groupes de brutal grind/death ces temps-ci. |
HYPOCRISY " Catch 22 " (Nuclear Blast)
|

Alexis Kieffer |
Il
y a quelques années, Gorefest avait défriché le créneau du death
groovy. Evidemment, avec Hypocrisy, ça prend des allures homériques
et carnassières. Nous savons tous que Peter Tägtgren connaît TOUT
du death et du metal violent en général. Il est capable de les
accommoder à toutes les sauces, sans se fouler. Ce qui frappe
est le côté littéralement transperçant des guitares. Une curiosité.
Cette fois, il a donc décidé de la jouer sautillante. Enfin ,
entendons nous. Quand j'en lis qui accolent le nom de Slipknot
à cet album, je dis attention ! Nous restons dans une lignée européenne,
c'est à dire puissante mais précise et intransigeante sur les
principes. Si l'on peut en effet renifler quelques relents de
modernité, on ne peut cependant prétendre que tout lien avec la
tradition scandinave soit définitivement rompu. Ce serait d'ailleurs
un comble au vu du pedigree du bougre. Il s'agit en fait d'un
album bien malin et au travers duquel Hypocrisy a tout bonnement
poursuivi les expérimentations qui émaillaient ses dernières productions.
Il s'avère simplement que Tägtgren est capable de faire évoluer
son art sans avoir besoin de pomper qui que soit. |
ZOMBIE EATERS "Bruit(r)iste" (Bad-Eyesoup.prod)
|

Christophe Nogues |
Je
ne veux être ni chauvin, ni nationaliste mais la scène française
" metal ", dans sa plus large acception, a gagné en qualité générale
depuis 2 ou 3 ans. Que ce soit dans le heavy (Heavenly, Adagio…),
le thrash (le fracassant retour de No Return, Gojira,…), le Black
(Anorexia Nervosa…), le death (Carcariass,…), la fusion (Mass
Hysteria…) et autres neo-metal. Preuve de cette vitalité, les
Bordelais de Zombie Eaters. Depuis quelques années, leur nom circulait
dans l'underground, et apparaissait régulièrement dans les pages
" Démo " des magazines. Ils sortent enfin leur 1er album. Du bon
neo-metal, plus varié que nombreux de leurs compatriotes, avec
des relents de Faith No More, mais moins systématiquement influencé
par les groupes américains comme peuvent l'être des groupes comme
Pleymo ou encore Watcha, à leurs débuts. L'alternance du chant
en français et en anglais ne nuit pas à l'ambiance générale mais
on peut avoir une petite préférence pour le chant en français.
Les compos sont assez variées, alternant mélodies et brutalité.
De plus, le groupe nous réserve 2 petites surprises : la participation
vocale (et uniquement vocale, hélas…) de la charmante Laure Sinclaire,
ex-hardeuse de son état, et une petite reprise de " Take On Me
" de A-Ha en ghost-track. Allez-y, c'est du tout bon. |
DIVISION ALPHA "The Dekta Release" (Holy records)
|

Alexis Kieffer |
À
la croisée des chemins entre indus, metal et goth, ce second album
de Division Alpha constitue un excellent exercice de style sombre,
un peu à la manière des divins Kill The Thrill, le côté cyber
en sus. L'aspect noir est tellement présent que l'on aurait tendance
à ne pas vouloir faire le pas qui permet de s'imprégner réellement
de ce milieu inquiétant. Il faut faire l'effort car ce n'est pas
si souvent que l'on se trouve face à un disque si constant et
si appliqué dans la recherche du malaise et de l'angoisse. Comme
un exorcisme, cet album est une épreuve effrayante dont on sort
secoué mais régénéré. En tout cas, on sent bien qu'il s'agit de
la dernière parcelle de vie avant le néant. Un album tout en climats,
qui alterne minimalisme et trouvailles sonores avant-gardistes.
Division Alpha ne ressemble à rien de connu et creuse son sillon
inexorablement, avec patience et sérieux. Et s'ils continuent
dans cette voie, ils auront dans 4 ou 5 ans, à la manière de Godflesh,
une des plus belles et solides discographies du genre. |
DIMENSION ZERO "Silent Night Fever" (Regain rec.)
|

Alexis Kieffer |
Mélangeant
allègrement riffs thrash façon Metallica de la meilleure époque
(vous savez de quoi je parle) et voix inspirée par Impaled Nazarene,
Dimension Zero surfe éhontément sur la vague old school qui se
déverse sur nous depuis deux-trois ans. Vraiment rien de nouveau.
Passons. |
DIABOLIC "Vengeance Ascending" (Season
of Mist)
|
Christophe Nogues |
A
ses débuts Season of Mist avait gagné une partie de sa très bonne
réputation en signant des groupes originaux, éloignés des clichés
habituels tels Bethzaida ou Oxyplegatz. On a l'impression maintenant
que le label marseillais s'éloigne de cette " ligne de conduite
" pour signer de groupes plus " tendance ". Preuve en est avec
le Black Dawn et le nouvel album de Diabolic. Ce dernier est du
pur death-metal américain influencé entres autres par Morbid Angel.
Donc, c'est brutal, assez technique et bien joué, bien produit,
mais bon, trop nombreux sont les albums qui sortent dans ce style
et cela ne m'émeut pas beaucoup. Je sais que c'est le genre de
CD qui fout la trique à une horde de fans chevelus et bruyants
; fans qui par moment doivent être indécis avant d'acheter tellement
il sort d'albums de death-metal brutal d'honnête qualité. Et un
de plus ! Au suivant ! Donc, à vous de voir. Pour ma part, je
retourne écouter le dernier Immortal. |
THEATRE OF TRAGEDY "Assembly" (Nuclear Blast)
|

Alexis Kieffer |
Que
l'on arrête de nous saouler avec des phrases du genre "ah ! c'était
quand même mieux du temps où ils jouaient du doom gothique". Theatre
Of Tragedy est le seul, je dis bien le seul groupe de metal dont
la reconversion électro soit aussi assumée et réussie. Epanouie
est le terme exact. J'admire la façon dont ils ont su évoluer
sans aucun scrupule. Le précédent album, "Musique" était déjà
très bon, j'ose l'affirmer. Ce nouveau est tout simplement excellent.
Ils vendent plus de disques qu'avant ? Et alors ? Ce n'est pas
un crime. Je vais même vous dire, je préfère leur attitude à celle
d'un Tiamat ou d'un My Dying Bride qui arrivés au milieu du gué
ont préféré baisser la culotte et faire machine arrière. Theatre
Of Tragedy a des couilles. Ça paye, tant mieux. Le public est
peut être con, mais il sait distinguer ceux qui se font plaisir,
de ceux qui se tâtent, avancent, reculent (comment veux-tu, comment
veux-tu …). Cet album de Theatre Of Tragedy respire la plénitude
et l'aboutissement de ceux qui savent avoir raison. À l'image
d'un The Gathering, Theatre Of Tragedy ne connaît plus le doute,
dit oui à la vie et vole haut, très haut. |
DEMONS OF DIRT "Killer Engine" (Hammerheart)
|

Alexis Kieffer |
Cette
pâle resucée de Blackstar et de At The Gates, avec en prime un
son très moyen ne convaincra strictement personne de sensé. On
blâmera par-dessus tout l'épouvantable son de batterie et les
pénibles criailleries du chanteur. Allez, ouste ! |
SINISTER "Creative Killings" (Hammerheart)
|

Christophe Nogues |
Pour
ce nouvel album, Sinister a du remplacer son chanteur. Et ce nouveau
vocaliste est... une chanteuse ! Mais à l'écoute, pas de changement
c'est bien des grognements death, bien caverneux ! C'est une Hollandaise
mais elle ne pourrait pas chanter dans The Gathering...! Musicalement,
Sinister n'a pas changé d'un iota. Leurs morceaux vont droit au
but ; ils ne se contentent pas de vous fendre le crâne, ils continuent
de vous frapper quant vous êtes à terre. La production est bien
puissante et claire, ce qui accentue d'autant plus le coté "boucherie"
de l'ensemble. Mais, il faut attendre le dernier morceau pour
trouver des innovations et de nouvelles sonorités... manque de
pot c'est une reprise de Possessed ! La seule notion de créativité
se trouve dans le titre "Creative.. "! Un bon album d'un des vétérans
de la scène européenne, mais qui garde toujours à mes yeux le
statut d'éternels seconds couteaux. |
NUDE " Cities And Faces " (Scarlet rec.)
|

Alexis Kieffer |
Ce
disque moisit sur mes étagères depuis deux mois : chroniquera
? chroniquera pas ? Finalement, chroniquera. Pour vous dire à
quel point ce pompage éhonté de Paradise Lost/Depeche Mode est
honteux et à quel point la vue de ce chanteur hermaphrodite m'est
pénible. En plus, on ne peut même pas leur dire d'aller se faire
foutre, car ils seraient capables de baisser leur froc et de nous
dire : chiche ! Une fois de plus, mon attitude instinctive et
première était la bonne : ignorons ces gueux. |
BEWITCHED "Rise Of The Antichrist" (Osmose)
|

Christophe Nogues |
Il
y a quelques années, Bewitched, qui comportait en son sein Blackheim
(Katatonia, Diabolical Masquerade), sortait son premier album.
Bien reçu par la critique, il fut à l'origine du heavy-black,
mélange entre le heavy typé années 80 (Maiden, Judas Priest, Accept)
et le black-metal (surtout pour les vocaux, les ambiances sataniques
et le coté "rageur"). Pourtant, comme nombre de groupes qu'ils
ont inspiré, les Suédois n'ont jamais réussi à décoller, à sortir
d'une certaine confidentialité, et à dépasser un simple succès
d'estime. Une des raisons est que Bewitched n'a jamais sorti "l'album"
qui aurait pu les aider à vaincre, et cela ne va pas changer avec
celui-ci. Musicalement trop proche du précédent, et sûrement du
suivant aussi, "Rise Of The Antichrist" est pourtant bon, fort
sympathique, mais trop uniforme. C'est le genre d'album que l'on
écoute une bière à la main, une cartouchière en guise de ceinture,
en headbanguant et en portant un vieux tee-shirt Accept ou Kreator
sentant la naphtaline… Les connaisseurs l'auront déjà acheté,
les autres auront orienté leurs achats vers d'autres univers métalliques.
|
HOUWITSER "Rage Inside The Womb" (Osmose
productions)
|

Christophe Nogues |
Houwitser
avait commencé comme un projet alternatif de 2 membres de Sinister
(le batteur Aad et l'ex-bassiste Michel). C'est devenu un groupe
à part entière. Généralement, quand des musiciens se lancent dans
un projet alternatif, c'est pour proposer une musique différente...
Et bien là, mauvaise pioche ! On a affaire à du brutal death comme
chez Sinister. Bien produit et extrêmement bien joué, leur death-metal
reste tout de même peu original. Ce qui est flagrant c'est que
tous ces groupes jouent la même musique; ils sont tous interchangeables
! Alors, oui c'est efficace ! Oui, c'est brutal ! Oui, certains
morceaux vous donnent furieusement envie de slammer tout seul
dans votre salon, ou de découper à la hache votre voisine trop
bruyante ! Mais finalement, le genre tourne en rond... et risque
de nouveau de s'auto-asphyxier par excès de groupes, de disques,
de labels. Un album correct sans plus, qui pourra satisfaire sans
problème les malades de brutal-death, mais pour les autres... |
BLOCKHEADS " Human Parade " (Bones Brigade)
|

Alexis "anti-punk" Kieffer |
Le
grind core est en plein renouveau et les disques pullulent. Blockheads
propose une interprétation assez ouverte du genre, avec un son
et des riffs assez tranchés, très marqués par les canons du punk.
Le gros point faible de ce disque réside dans les voix qui manquent
singulièrement de puissance et ne répondent nullement à la puissance
des compositions. Réellement dommage. Pour le reste, on louera
la cohésion de l'ensemble et la volonté de se démarquer de l'habitude
qui consiste souvent dans ce style à singer Napalm Death et Brutal
Truth. De là à crier au chef d'œuvre, il y a un pas que je ne
franchirai point car ce disque est très punk et un album punk
ne pourra jamais être un chef d'œuvre. |
GURKHAS " A Life Of Suffering " (Morbid records)
|

Alexis Kieffer |
Zim
boum, zim boum, on est méchant, on joue du death, on a faim et
on va tous vous tuer. Euh, oui, sauf que personne n'a peur. Ces
grands dadais de Gurkhas ont beau poser en tenue de commando au
dos de leur pochette d'album, on est loin de la terreur. Pour
tous ceux qui ont écouté le fabuleux " Signs Of The Decline "
de Massacra, cet album constituera une inutile redite dans le
créneau thrash-death féroce. Les autres n'ont strictement rien
à foutre de ce style et passeront directement à la chronique suivante.
Ce type de produit est complètement obsolète comparé au maëlstrom
sanglant que nous proposent les bouchers de Count Nosferatu Kommando. |
ADMORTEM "Living Through Blood" (Adipocere Records)
|

Christophe "The Incredible troubadour" Nogues |
Burrrffpp
Groumpff ! Non ce n'est pas un rot (je suis trop poli pour roter
pendant que vous lisez cette chronique) mais bien le refrain de
la deuxième chanson… Véritable ode à la beauté, à l'amour et à
la poésie bucolique, la musique d'Admortem est un régal pour les
oreilles, l'âme et le cœur (bien saignant le cœur, svp…). Cela
faisait longtemps - environ 2 jours - que ne j'avais pas chroniqué
un album aussi original, aussi innovateur et aussi beau (…le lavabo).
Ce genre de disque qui change votre vision du monde et votre vie.
D'ailleurs, depuis ce jour, je ne mets plus mes doigts dans le
nez, je les mets dans celui des autres, je fais la collection
des petits chiots morts (d'ailleurs, j'ai un joli petit boxer
en double, qui veut me l'échanger ?), je fais l'amour 3 fois par
jour à mon ex-petite amie (qui est morte depuis 2 ans…), et je
pense démissionner de mon emploi de cadre dans l'informatique
pour devenir médecin légiste ou au pire travailler dans un abattoir…
humain. Tout m'apparaît plus beau (ah, les jolies charognes animales
sur le bord des routes en été), je vois tout en couleur (rouge
sang, noir de cadavre calciné, et tous les dégradés de gris…).
Dans mon salon, j'ai remplacé la photo de mon père, ma mère, mes
frères et mes sœurs (ho, ho, ce serait le bonheur…), par celles
de Jeffrey Dahmer, Pol Pot et Marc Dutroux, que des grands hommes.
Je suis tellement heureux que j'ai écrit un poème pour toi cher
lecteur (et aussi pour les téléspectatrices de " Fan de "..).
Il s'appelle "Xanax doux". Le voici :
Chaque
jour que notre Bon dieu faisait,
Il fallait que je pense à bien me branler.
La femme médecin de la grande clinique
Bien des jours avant que je ne la nique,
En me regardant, se mit à me parler :
"Chrichri, tu es un garçon un peu perturbé,
rassures-toi, ici on va bien te soigner.
Prends tes calmants et bientôt tu seras libéré.
"Je répondis : " Enlèves-moi cette camisole,
Je vois bien que c'est toi qui est folle.
Si te refuses, qu'avec moult violence, je t'empale,
Laisses-moi au moins écouter le dernier Immortal.
Et si pour te faire plaisir, je dois faire une promesse,
J'avouerais très sincèrement en te tripotant les fesses :
Oh non, plus jamais je ne me taperais de chèvre,
Je préfère, bien sûr, te mâchouiller les lèvres.
C'est
joli, n'est-ce pas ? Beau comme le chant des corbeaux et agréable
comme l'odeur du napalm au petit matin. Je vous salue et toutes
mes condoléances. |
TACTILE GEMMA "Tactile Gemma" (Season
of Mist)
|

Alexis Kieffer |
A
la croisée de ce que peuvent jouer Portishead et l'actuel The
Gathering, Tactile Gemma nous donne une version nordique assez
convaincante de ce style déjà vieux de dix ans qu'est le trip-hop.
Doté de chanteuses performantes, Tactile Gemma nous pond là un
petit album bien torché qui fait bonne figure face aux deux monstres
sacrés susénoncés. Pas révolutionnaire, mais extrêmement malin
et bien fait. |
BLACK DAWN "Blood For Satan" (Season of Mist)
|

Christophe Nogues |
Black
Dawn est un groupe de black-metal composé de membres de " l'élite
finlandaise "… dixit la biographie. On y rencontre le chanteur
de Enochian Crescent et quelques membres de And Oceans. C'est
bien produit, brutal et très intense. Si vous aimez Marduk, Setherial,
In Battle (tempos supersoniques, voix criardes, sons aigus ultra
saturés), vous apprécierez sans problème. Si vous aimez une attitude
belliqueuse et des paroles très sataniques, vous serez comblés.
Si vous vous régalez avec le vomi des prêtres et le sang des vierges,
vous serez ravis (je vous laisse le sang, je garde la vierge…).
Si en plus, vous ne cherchez pas d'originalité, alors vous serez
conquis ! Et vous vous empresserez d'acheter ce petit condensé
de haine. Pour ma part, je retourne écouter le dernier Immortal.
|
THE CROWN "Crowned In Terror" (Metal Blade)
|

Alexis Kieffer |
Les
anciens Crown Of Thorns ont toujours sorti des albums d'une grande
qualité sur le plan de la puissance et du son. Aujourd'hui, ils
sont astucieusement soutenus par la voix de Tomas Lindberg. Logiquement,
tout est donc réuni pour que ce nouvel album soit un succès. Or,
sans aller jusqu'à dire qu'il n'en est rien, il faut avouer que
sur la distance ce disque est légèrement saoulant. Certes, on
y retrouve les qualités du groupe : mélodie, incisivité, mélange
des genres américain et scandinave. On eût cependant aimé plus
de finesse dans les compositions qui fonctionnent toutes trop
sur le même schéma. Un manque de variété dommageable. Malgré de
brillantes interventions en guitare et, forcément, une partie
vocale très réussie, le fait est là : une fois le disque fini,
l'envie de le réécouter ne se fait pas forcément ressentir. Pas
plus que le besoin dans la mesure où tout est compris dès la première
écoute. Pas assez fin pour susciter la curiosité, Crown n'est
pas non plus assez violent pour créer chez l'auditeur cette espèce
de crainte révérencielle qui l'amène à se ranger sans barguigner
sous l'étendard du chef de meute. |
REBAELLIUN "Annihilation" (Hammerheart
Records)
|

Christophe Nogues |
Sorti
il y a déjà quelque temps, ce nouveau Rebaelliun (from Brésil
!!) écrase et concasse ! Tout comme Vader et Krisiun, ces Brésiliens
ont la faculté d'écrire des compositions ultra brutales mais qui
restent accrocheuses et efficaces. La production est puissante
et met bien en valeur l'agressivité des guitares et les monstrueuses
parties de batterie. Bien sûr c'est assez linéaire, mais je préfère
cela à tous ces combos de brutal death/grind avec des paroles
et une imagerie très gore; les Rebaellium ne sont pas forcément
plus originaux que tous ces groupes, mais ils ont des "couilles",
de la personnalité, et une bonne maîtrise de leur musique. Encore
une bonne tuerie venant du Brésil !! |
SADISTIK EXEKUTION "Fukk" (Osmose)
|

Alexis Kieffer |
Sadistik
Exekution a été l'un des pionniers modernes de l'ultra agressivité.
La différence qui les sépare des autres tenants de cette ligne
consiste en la réelle folie qui anime les membres de ce " groupe
". On sent que quelque chose de réellement anormal les anime.
A l'heure où les plus beaux fleurons de la scène extrême s'engoncent
dans le confort douillet de mid-tempos thrash éventés, il est
fortement conseillé d'acheter ce disque pour remonter aux sources
de ce qui un jour anima des groupes tels qu'Impaled Nazarene et
Immortal : la haine. Notons au passage que Sadistik Exekution
nous gratifie dans ce disque de quelques passages lents hyper
douloureux qui en remontrent férocement à tous les adeptes brevetés
du sludge des bayous. Il faut acheter ce disque parce qu'il est
bon et parce qu'il est honnête. L'honnêteté est leur seule excuse.
|
DOMINE "Stormbringer Ruler The Legend Of The Power
Supreme" (Dragonheart)
|

Christophe Nogues |
Ah,
Domine ! Quand on m'a donné cet album à chroniquer, j'ai fait
un large sourire... mais pas de plaisir ! Un sourire ironique
et moqueur. J'avais chroniqué le premier album de ce groupe italien
pour notre magazine papier, et j'avais trouvé cela plutôt pitoyable
: chant quasi-faux, production moyenne, pas d'originalité... Je
me suis dit "Cette fois je les assassine...". Cruelle erreur !
A l'écoute de ce CD, je suis tombé sur le cul ! C'est plutôt bon
et même très bon !! Ils ont progressé dans tous les domaines,
tant et si bien qu'ils deviennent de sérieux concurrents pour
la plupart des groupes de la scène heavy actuelle. Le chant, sans
être ce qui se fait de mieux, est vraiment plaisant. Les compos
sont excellentes comme ce "The Hurricane Master" véritable hymne
speed-metal, et "The Ride Of The Valkyries" morceau épique et
envoûtant. On peut toutefois regretter la trop grande influence
de Rhapsody au niveau des paroles, mais bon passons. Un très bon
album qui, avec le nouveau Blind Guardian, m'a réconcilié avec
la scène heavy qui commençait à m'insupporter. |
APHASIA "Arcane In Thalassa" (Autoproduction)
|

Alexis Kieffer |
Ces
jeunes Québécois et fiers de l'être valent mieux que leur look
de thrashers tchèques des années 1990. En effet, ils jouent un
death-black d'une belle ampleur qui n'est pas sans rappeler ce
que pouvait faire Dissection il y a quelques années. Le chant
n'est cependant pas bon et rend cet album un peu pénible à la
longue. Aphasia s'autoproduit, et comme souvent en pareil cas,
on s'aperçoit qu'une oreille extérieure et professionnelle eût
sans nul doute permis au groupe d'éviter certains écueils tels
que ces passages progressifs trop longs et mal amenés. Sur le
plan technique, aucun souci, le groupe joue bien et se sort de
toutes les situations avec les honneurs. D'ailleurs le mot doit
être repris pour qualifier ce disque : il est honorable. |
IN SLAUGHTER NATIVES "Recollection" (Cold Meat
Industry)
|

Alexis Kieffer |
Cold
Meat Industry va très prochainement rééditer sous forme d'un coffret
5 CD l'intégrale de In Slaughter Natives. Et donc, partant du
principe qu'il n'est point de petits profits, sort un CD de 8
titres extraits des 4 albums du groupe. Si l'on peut sourciller
devant le caractère ouvertement mercantile de l'opération, on
ne peut en revanche éluder que ce survol rapide de la carrière
de ce groupe est un vrai bonheur et, c'est d'ailleurs le but,
donnera envie à ceux qui ne le connaissaient pas ou peu de se
jeter sur ledit coffret. On s'émerveillera notamment devant les
deux morceaux extraits du premier album qui date tout de même
de 1988. Ces morceaux de style purement electro valaient largement
ce que faisaient Ministry ou Nine Inch Nails à cette époque pionnière
où tout était à créer en matière d'indus dur. Le souffle de Laibach
était déjà là. Il ne quittera plus jamais In Slaughter Natives
qui s'avèrera par la suite aussi aguerri que le maître pour finalement
le dépasser en audace, en puissance et surtout en noirceur. Il
ne fait aucun doute qu'In Slaughter Natives a été le véritable
promoteur de ce genre génial consistant à mêler redondances industrielles
et sonorités classiques. Nous qui sommes de bons Européens, nous
lui en saurons éternellement gré. |
KING DIAMOND "Abigail II" (Metal Blade)
|

Frank Arnaud |
Lorsque
j'ai vu arriver le Cd du nouveau King Diamond dans notre courrier,
mon cœur s'est mis à battre la chamade, un sourire radieux s'est
greffé sur mon pâle visage et je me suis précipité pour mettre
la précieuse galette dans mon lecteur Cd. Première surprise, je
vois que la durée du Cd n'est que de 29 minutes alors que d'habitude,
les albums de King tournent plutôt autour de l'heure !? Et puis
rapidement, mon sourire se transforme en rictus, puis en hurlement
rauque !! Aaaarrrrgh !! Ils ont osé ! Comment Metal Blade (label
que je respecte au plus haut degré) a pu oser ! Massacrer ainsi
un CONCEPT-ALBUM !!?? En fait, sur les 13 titres du disque, seuls
5 sont dans leur intégralité et parmi ces 5 titres il y a l'intro
et l'outro ! En gros 3 titres complet sur 11, les autres chansons
durant juste un peu plus d'une minute avant d'être coupées sans
vergogne !!! Encore, si c'était pour chroniquer un disque de Death
ou de Hcore basique, je dirais cela passe. Mais un concept-album
basé sur les ambiances, constitué de morceaux longs et complexes,
c'est une véritable insulte faite à King Diamond et ses musiciens
(je suis curieux de savoir ce qu'il en pense !). En conclusion,
ce disque semble excellent, il semble être l'un des meilleurs
de King, il SEMBLE quoi …!!
|
NECROPHAGIA "Cannibal Holocaust" (Season of Mist)
|

Orphana |
Toujours
officiant dans un death-metal particulier, la bande de Killijoy
et Phil Anselmo s'aventure désormais dans l'illustration du film
gore " Cannibal Holocaust " pour sa prochaine sortie DVD. Cet
album présente 6 titres, à savoir des versions démo rares, un
hommage à Euronymous, un titre " B.O.F " pour le film, ainsi qu'une
plage CDrom. Le contenu de cet album est d'une relative intensité,
par le côté inédit des titres proposés, mais sans se vouloir banalement
brutal. Necrophagia reste intègre et fidèle à sa propre conception
de la composition. Dommage que le CD ne dure que 17 minutes, mais
c'est très bien quand même. |
FALCONER "Chapters From A Vale Forlorn" (Metal
Blade)
|

Frank Arnaud |
Vous
souvenez-vous de Mithotin !? Cet excellent groupe scandinave a
splitté en 1999, mais son mentor, Stefan Weinerhall, n'a pas décidé
d'arrêter pour autant la musique. Accompagné de son compère de
batteur Mathias et de nouveaux zicos, Stefan sort avec Falconer
son deuxième album (mince, nous aurions raté le premier !?) enregistré
sous la houlette du prolifique Andy La Roque. J'avais adoré Mythotyn,
allait-il en être de même avec Falconer. Et bien, je crois pouvoir
affirmer que les gars ont fait sacré bon boulot avec cet opus
! Moins sombre qu'à l'époque Mythotyn, Falconer propose un heavy-metal
teinté d'influences et de mélodies folk scandinaves. Loin des
stéréotypes du moment en matière de Heavy, Falconer tire son épingle
du jeu grâce à un très bon chanteur possédant un timbre de voix
original, une production remarquable et un sens de la composition
des plus aiguisés . Le groupe ne révolutionne pas le genre mais
je serais bien incapable de le comparer à qui que se soit ! Et
aujourd'hui, l'originalité cela vaut de l'or en barre… et toute
notre considération ! Viva Falconer ! |
SLEEPLESS "Winds blow higher" (The end records)
|

Alexis Kieffer |
Jusqu'à
présent, les groupes venus d'Israël se croyaient toujours obligés
de nous gonfler avec des sonorités orientales à la con. (J'en
ai autant pour les groupes européens qui nous saoulent avec des
parties celtiques).Tel n'est heureusement pas le cas de Sleepless
dont les membres ont l'intelligence d'assumer la part d'Occident
qui irrigue cette terre. Ici, point de tambourins ni de flûtes
arabes. Cet album est en effet une superbe croisière en eaux dark-progressives,
entre Tiamat et Pink Floyd. Parfois, on relève même des nappes
de claviers façon Tangerine Dream époque Phaedra/Rubycon. On notera
par ailleurs de superbes interventions de saxophone triste et
des parties de basses très éclairées. Le tout saupoudré de voix
des deux sexes, plus murmurées que réellement chantées. Un OVNI
vous dis-je. Ah, évidemment, ce n'est ni du black, ni du speed,
ni du thrash … En fait, ce n'est pas même du metal. Mais si vous
aimez tout ce qui est sombre et douloureux, alors vous devez rechercher
et acheter ce disque.
contact : http://www.sleeplesscd.com |
GODLESS TRUTH "SelfRealization" (Shindy Productions)
|

Orphana |
C'est
rapide, c'est efficace, quoique la batterie ait un son plutôt
" roots ". Des riffs propres, carrés, salutaires d'un bon death
à la tchèque. Mais toujours très fidèles aux influences européennes,
Godless Truth se veut cette fois davantage proche du hardcore
des années 80. On y ressent quelque nostalgie de Napalm Death,
en revanche le groupe reste lui-même, évoluant en puissance, et
sans se cantonner en un style statique. " SelfRealization " offre
également un titre bonus, sans concept particulier, et sans évoquer
une censure quelconque, enfin bon, si ça leur fait plaisir… Bref,
Godless Truth est Godless Truth, toujours aussi efficace, gravissant
les marches du death brutal avec bravoure et rigueur, ce qui est
bien, mais pas top. |
CAYNE "Old faded pictures" (Scarlet rec.)
|

Alexis Kieffer |
Les
deux derniers Paradise Lost ne sont pas bien vendus. Il est cependant
troublant de constater le nombre de groupes inspirés par ses deux
albums. Les types de Cayne (des transfuges de Lacuna Coil) savent
parfaitement que cette influence leur sera envoyée à la figure.
Ils ont sciemment choisi d'y faire face et doivent donc assumer.
Cet album est donc un pur ersatz de Paradise Lost dernière mouture,
personne n'a le droit de le contester. Mélodies pop, son moyennement
heavy, excellente production : ce produit qui ne vous empêchera
pas de dormir et, une fois assoupis, ne provoquera ni cauchemars
ni rêves orgiaques. La neutralité absolue. Est-ce bien ce que
l'on est en droit d'attendre d'un disque de rock ? Le metal est-il
encore rock ? Le débat reste ouvert, même si j'ai ma petite idée
sur les deux questions. |
SUFFOCATE "Lust For Heaven" (Erebos Productions)
|

Orphana |
D'abord,
une intro très indus. Puis, un premier titre presque amusant,
bardé de cris et de voix claires en tous genres. Ce nouvel album
a un contenu intéressant, du point de vue des compos, car Suffocate
se veut brutal, mais à défaut d'une production bien menée, le
groupe met le paquet. Finalement, cela suffit à prouver ce dont
ces joyeux drilles sont capables, car bien que Suffocate soit
un groupe qui ne révolutionne encore pas le genre, chaque morceau
est original, le style leur appartient, il n'y a pas deux groupes
comme celui-ci. Le genre est bien franchouillard, rien de bien
morbide ni de lourdingue dans les compos, mais d'une crédibilité
sans pareil. C'est bien cool, Suffocate est doté d'un certain
talent, et d'une capacité à se forger un style propre, qui les
démarque de bien des groupes aux mêmes influences.
|
THE MEADS OF ASPHODEL "The excommunication of Christ"
(Supernal music)
|

Alexis Kieffer |
En
voilà un disque coquin. Pensez donc que ce groupe de black metal
bizarre compte parmi ses invités à la fois le chanteur de Bulldozer,
groupe culte de black des 80's et un guitariste de Hawkwind !
Ceci pour vous donner une petite idée du registre balayé par cet
album. Entre une pincée de claviers que Covenant n'aurait pas
reniés (genre clochettes), certaines lignes mélodiques dignes
du Moonspell époque Wolfheart, des breaks médiévaux (mais pas
chiants), et des envolées de guitares 70's, on comprend immédiatement
que l'on tient un objet assez classieux dans son genre. Ajoutez
la pochette monthy-pythonesque à souhait et vous obtenez une espèce
d'OVNI. Ceci-dit, la bio nous apprend que le groupe, dont ce n'est
pourtant que le premier album, jouit d'une solide réputation outre-manche
ce qui ne m'étonne guère lorsque l'on connaît le côté délicieusement
snob des british. Très plaisant, et surtout tellement dépaysant
au moment où Immortal s'apprête à sortir le même album pour la
troisième fois.
|
EMBOLISM "…And We All Hate Ourselves" (Erebos Productions)
|

Orphana |
Pas
beaucoup de paroles, mais on s'en fout royalement puisqu'il s'agit
d'un groupe de gentil grindcore. Le chant très guttural s'aventure
parfois dans une espèce d'épanchement pour le black. Mais le tout
demeure bien death-grind. L'ensemble de l'album est très homogène,
doté d'une rigueur certaine, mais avec un goût de déjà vu. Les
guitares jouent dans une tonalité flatteuse pour le death, mais
sans particularité pouvant marginaliser Embolism. Ce qui est intéressant
dans l'œuvre du groupe, ce sont les parties mitraillées par une
batterie furieuse, et des " wouaaargh " gutturaux efficaces. Cela
fait plaisir à entendre. Mais c'est tout.
|
WHITE HOTEL "First water" (Spirit of jungle)
|

Alexis Kieffer |
Là,
j'aime mieux vous avertir d'emblée, ce n'est pas du tout du metal.
Sauf si l'on considère qu'est du metal tout ce qui peut ressembler
à ce qu'à pu un jour jouer un groupe de metal. Dans ce cas c'en
est, car la musique de White Hotel ressemble beaucoup à celle
que jouait Alice In Chains sur les deux mini-lp " Sap " et " Jar
of Flies ". Mais sérieusement, ce n'est pas du tout métallique.
Certes, le groupe envoie la sauce ici où là, mais ça ne dure jamais
plus que quelques secondes. En tant qu'habitué des musiques bruyantes,
on pourrait évidemment le regretter car ces rares montées d'adrénaline
sont absolument somptueuses. Mais il ne faut pas aborder ce disque
avec ce genre d'idée, sinon autant aller directement s'acheter
le dernier Slayer, ça ira plus vite. Non, ce que joue White Hotel
est en lui-même très beau, surtout que plus j'y pense et plus
je trouve qu'on y retrouve aussi des traces de Talk-Talk époque
Spirit of Eden (un truc totalement invendu, progressif, triste).
Les percussions, j'y suis sensible, sont fabuleuses de délicatesse.
Vraiment un disque à acheter.
|
ABOMINATOR "Subversives For Lucifer" (Osmose
Productions)
|

Orphana |
Oulala,
comme c'est bien ça ! Très jouissif, en tous cas. Quoi, vous n'avez
pas fait écouter à votre cher(e) et tendre le dernier album d'Abominator
pour la (le) faire grimper aux rideaux le soir de la St Valentin
? Quel dommage, car pour une bonne montée d'adrénaline, il n'y
a rien de tel. D'une humeur assez guerrière, Abominator délivre
toute sa hargne de manière très majestueuse dans cet album, déjà
culte. Les tempos sont insolemment rapides, le chant délicieusement
énervé, les mélodies bestialement enchanteresques. La production
est excellente, et chaque titre est un plaisir brutal qui ne vous
laissera pas indemne. Oh oui, encore ! !
|
HERTZ AND SILENCE "Bio]un[logical" (Next music)
|

Alexis Kieffer |
Avec
un son comme ça, il ne fait aucun doute que Hertz And Silence
va littéralement enflammer les scènes sur lesquelles le groupe
se produira. Ceci posé, c'est un disque qui est à chroniquer et
non des futures prestations scéniques. Les influences de Hertz
And Silence sont résolument à chercher vers ce que le thrash américain
fait de plus puissant et de plus agressif : Machine Head, Fear
Factory, Prong, Pantera … Du point de vue de l'énergie, pas de
problème, le compte y est largement. En revanche, on ne peut que
déplorer une certaine incapacité à tenir la distance, à proposer
un ensemble cohérent, tant au sein des morceaux eux-même qu'en
ce qui concerne l'album pris dans son ensemble. On ne peut que
regretter l'isolement des tentatives d'aérer les morceaux par
l'usage de voix claires ou d'effets électroniques. Hertz And Silence
a un potentiel énorme. Il lui reste à savoir mieux calculer la
trajectoire et la portée de ses scuds.
|
UHRILHITO "Viha Ja Ikuinen Vitutus" (Coldblood
Industries)
|

Orphana |
Ppfff,
on me confie la chronique d'un groupe de black, donc je vais tâcher
d'être la plus objective possible… Bon, d'abord, je vous mets
au défi de prononcer le nom de ce groupe (Uh - ri - lhi - to,
facile pour ceux qui connaissent le scandinavo-japonais !), puis
de retenir par cœur le titre de cet album. A voir la gueule peinturlurée
en noir et blanc de ces gentils messieurs, je m'attendais à découvrir
un album de black basique, plein de synthé et de passages au taquet,
avec un bon dégueuli de "yayayayaaaa !" grinçants. Et bien, mon
impression fut la bonne. Pas que ce soit nul, mais presque. En
tous cas, absolument rien de nouveau, aucune personnalité dans
ce groupe, c'est à la limite du méprisable. Dommage, le son et
la production sont nickels. |
TIAMAT
"Judas Christ" (Century Media) |

Alexis Kieffer |
Ah
Tiamat ! N'oublions jamais l'importance de l'album "Wildhoney
" qui a officiellement ouvert l'ère du "metal-goth-atmosphérique".
Il faut cependant reconnaître que le public ne les avait pas suivi
dans l'aventure "Deeper kind of slumber" qui était pourtant un
album magnifique. Comme My Dying Bride le fit avec "The light
at the end of the world", Tiamat opéra un recentrage metal avec
"Skeleton Skeletron". Sans réel succès, l'opération relevant trop
du minimum syndical. On a lu dans la presse officielle que ce
"Judas Christ" ne serait pas l'album de la résurrection. Et s'il
est exact que Tiamat se vautre avec de moins en moins de complexes
dans les mélodies "commerciales" (le mot est stupide), avouons
qu'il le fait avec un talent consommé et que cet album dégage
une belle homogénéité. Evidemment, le reproche que l'on peut faire
à ce type de production est de manquer d'âme. Surtout si l'on
se réfère au mètre-étalon du genre, Anathema, dont les albums
sont si "habités". Il est clair que Tiamat a perdu cette guerre-là.
Poulidor du "rock-metal", il n'en demeure pas moins une valeur
sûre dont il serait non seulement injuste mais également absurde
de se priver. |
GOTHIC "Deathcography 1991 - 2001" (Mafia Underground) |

Orphana "Du Calme !" |
24
titres du groupe mythique de death-grind parisien ! Pour ceux
qui ne connaissent pas, c'est l'occasion de faire un tour d'horizon
de ce groupe culte en matière d'ultra brutal ! Grosso modo, ça
tue tout, ça fracasse tout, ça arrache tout, ça fait bander, ça
fait mouiller. C'est sans pitié et c'est trop bon !
|
ADEMA "same" (Arista)
|

Alexis Kieffer |
Le
chanteur d'ADEMA est le demi-frère du demi-dieu Jonathan Davis.
Un quart de dieu en quelque sorte. Alors, évidemment, la maison
de disque sticke l'album de la mention "la relève néo-metal".
Mais, honnêtement on est loin des sautilleries de Korn et consorts.
Il s'agit plutôt de gros rock moderne, un peu façon Stabbing Westward,
l'électronique en moins. Evidemment, vu les moyens mis à la disposition
du groupe, le son est énorme. La qualité première de cet album
est de jouer profil bas, de ne pas nous saouler avec des relents
hip-hop et des grattements de disques. Il ressort de cet album
une belle et forte énergie qui en rend l'achat recommandable. |
MORTIIS "The Smell of Rain" (Earache)
|

Orphana |
Ca
y est, il semblerait que l'elfe des bois ait trouvé sa voie. Après
l'expérience de 2 albums médiévaux-ambiant parfois hésitants,
Mortiis se lance dans la grande aventure de l'electro gothik.
Et c'est assez réussi. Les titres demeurent variés, et exquis
par le punch et leur diversité d'ambiances. Mortiis se révèle
être également un bon chanteur, pas aussi bon cependant que l'imposante
diva qu'est Sarah Jezebel, qui intervient à plusieurs reprises
dans l'album. La dadame nous fait l'offrande de quelques voix
claires un peu à la Liv Kristin, mais de manière plus talentueuse
que cette dernière. Son lyrisme vocal est toujours là, mais en
tant que chœur. "The Smell Of Rain" est une des meilleures surprises
des dernières sorties d'albums, car pour une fois, Mortiis sait
où se positionner musicalement parlant, exprime son talent sans
pudeur et sans demi-mesure, et se place en une certaine originalité.
Un album très professionnel, mais très marquant aussi par son
surprenant contenu.
|
STAIND "Break the circle" (Flip records) |

Alexis Kieffer |
Continuons
dans les produits labellisés "néo-metal". Ce farceur de Frank
m'a vendu la chronique de cette chose en affirmant qu' "on dirait
du Alice In Chains". Etant un fan de ce groupe depuis ses premières
heures, je puis affirmer que la comparaison est des plus hardies.
Alors qu'Alice In Chains est ce que l'Amérique a produit de plus
beau avec Soundgarden au cours des années 90, Staind est un vulgaire
produit de série qui ne dépasse jamais le stade de l'opportunisme.
Ceci est un produit de consommation courante pour ados américains
prépubères, une espèce de bande-son idéale pour la série "Dawson".
Ca vaut toujours mieux que du rap, mais pas beaucoup plus. |
ABADDON INCARNATE "Nadir" (Sentinel)
|

Alexis Kieffer |
A
tous ceux qui comme moi (je le confesse) trouvaient du dernier
chic d'affirmer que le grind s'était arrêté avec le deuxième Brutal
Truth, Abadon Incarnate assène une éclatante contre-démonstration.
Je n'en dirai pas plus car il est déjà suffisamment traumatisant
d'avouer en public s'être trompé quant on est habitué à avoir
TOUJOURS raison.
|
MERCENARY "Everblack" (Hammerheart rec.)
|

Alexis Kieffer |
Euh,
d'où ça sort cette tuerie ??? Riffs de psychopathes, son de hauts
fourneaux, solos de guitare au scalpel, vocaux transperçants.
La bio mentionne un premier album de 1998 qui aurait été acclamé.
Je dois avouer que je n'en ai jamais entendu parler, mais s'il
était du calibre de celui-ci, les acclamations étaient 100% méritées.
La seule mention des influences reconnaissables fera immédiatement
comprendre l'ampleur du phénomène : la finesse sadique de Carcass,
la puissance de Machine Head, le lyrisme de Candlemass. A la vérité,
on pense à un genre de The Blood Divine avec un chanteur qui saurait
chanter et un son approprié à un groupe professionnel. Le tout
paré d'une robe sonore scandinave (le groupe est danois) du meilleur
effet car ne singeant absolument pas ce qui se fait ailleurs.
Si Mercenary ne devient pas très gros, c'est à désespérer définitivement
du public metal.
|
KHANATE "Khanate" (Southern Lord)
|

Alexis Kieffer |
À
tous ceux qui pensaient que la vitesse était le chemin le plus
court pour exprimer la haine, Khanate oppose un démenti cinglant
et douloureux. Qu'on se le dise : la haine s'exprime mieux lorsque
l'on prend le temps de l'épeler, lettre après lettre, note après
note, en insistant bien sur les endroits qui font mal. Reprenons
depuis le début. Premier indice, Khanate compte parmi ses "membres"
deux ex-Old, dont l'un d'entre eux est également un ex-Scorn …
Bien ! Ensuite, pour situer les débats, disons que comparé à Khanate,
Darkthrone sonne comme du Dave ! Avec en plus, donc, des rythmes
faisant passer le premier Cathedral pour " Reign in Blood ". Ajoutez
une ambiance malsaine qui me rappelle, en plus noir, évidemment,
celle du premier Type O Negative, et vous obtenez, selon moi,
l'album le plus négatif et le plus haineux jamais sorti. Et pourtant,
en 8 ans de chroniques, j'en ai entendu des vilains, des aigris,
des bileux. Mais là, ça outrepasse tout. Ce disque est proprement
terrifiant, je ne peux pas mieux dire. |
CYPRESS HILL "Stoned Raiders" (Small - Sony)
|

Frank Arnaud |
Ca
y est ! J'en vois certains qui poussent des cris, nous jettent
des anathèmes au nez en voyant cette chronique ! Je sais, je sais,
à l'origine Cypress Hill est un groupe de rap, si ce n'est LE
groupe de rap US ! Il se trouve que ce groupe a toujours utilisé
des guitares, et de plus, il faut se rappeler qu'aux States, les
clivages musicaux entre rock et rap sont 100 fois moins important
qu'en Europe. Là-bas, on mélange, on mixe, on sample tout et n'importe
quoi et on le fait bien. L'album démarre même par un morceau très
électrique que ne renierait pas un Suicidal Tendencies par exemple.
C'est vrai qu'après on retrouve de l'excellent rap (oui Alexis,
cela existe !) un peu moins de Metal (bien que 3 ou 4 morceaux
pètent bien…), des morceaux plus sombres qui vont même lorgner
sur le Portishead, des titres avec des ambiances classiques...
Un album riche et très varié que je recommanderai évidemment plus
aux fans de Pleymo que de Morbid Angel. En tout cas si l'aventure
(musicale) vous tente, voilà un album quasi-parfait pour se lancer
! |
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chroniques parues après janvier
2003 (recherche
par le nom du groupe)
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Archives
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