Mars - Avril 2001


IMPERIAL SODOMY "Tormenting The Pacifist" (Criminal Records)


Orphana

Fruit d'une douloureuse éjaculation (je cite), Imperial Sodomy s'impose de nouveau avec "Tormenting the Pacifist", qui succède à l'apocalyptique mini-cd "Piss on Love". Tout droit sorti du sud de la France, ce sympathique orchestre est composé de brutes éthyliques, et pas des moindres : j'ai nommé Bramathor & Gorgor (BELËF - DEVILIUM - AGRESSOR), etc. "Tormenting the Pacifist" fut enregistré au Panoramix Studio d'Alex Colin-Tocquaine, et bénéficie ainsi d'une prod très professionnelle. Cet album est tout simplement un must du brutal death français, où la cohérence entre brutal de base et technique est de rigueur. Album tout à fait compréhensible, Imperial Sodomy ne nous encule pas dans la mesure où il nous montre sa vigueur dans une puissance des titres incontestable, ainsi qu'une variété de riffs et de tempos peu égalée dans l'underground français. Imperial Sodomy, fin stratège du genre, se présente comme le garant du revival brutal death hexagonal. L'espoir est loin d'être vain.
THORNS "Thorns" (Moonfog)


Alexis Kieffer

THORNS sort des enregistrements à la fréquence du passage de la comète de Halley... (Je ne compte par le " vs EMPEROR " sorti récemment). Du coup, on ne sait pas vraiment bien à quoi s'attendre en posant le CD dans le lecteur. Ce qui est sûr, c'est qu'après avoir écouté l'album, on regrette que THORNS ne soit pas plus prolifique. Quelle leçon ! Et dire que selon la bio, ces morceaux datent pour certains d'il y a 3 ans. Or, on est réellement étourdi par la modernité qui se dégage de ce disque. De son côté très élitiste également. Rarement le black metal n'aura autant atteint l'objectif d'excellence dont certains de ses apôtres se targuent imprudemment. Il faut quand même dire que Satyr Wongraven (SATYRICON) et Hellhammer ont participé à l'enregistrement ... Ceci pour bien poser l'ambition qui était dès le départ assignée à l'opus. On navigue entre black cruel et musique martiale très dark à tendance électro. Les ambiances ont été particulièrement travaillées et il se dégage de l'ensemble une impression de noirceur tout à fait prenante. On ne peut s'empêcher d'évoquer les explorations du dernier MAYHEM. Il s'agit à n'en point douter de la même famille de groupes hyper exigeants, à ranger avec ARCTURUS (c'est amusant car vous aurez tous noté que ces trois groupes ont un point en commun en ce qui concerne leur batteur qui est décidément la personnalité la plus en vue du black). Un produit de grande qualité qui ne vieillira pas et qui figurera à coup sûr parmi les trois meilleurs albums de black en 2001.


ICE AGES "The Killing Emptiness" (Napalm Records)


Orphana

Projet solo mené de front par Richard Lederer, ce troisième volet du très torturé Ice Ages se défend particulièrement bien dans les milieu electro gothique. Après avoir officié majestueusement dans DIE VERBANNTEN KINDER EVAS (dark wave) ainsi que dans SUMMONING (black metal atmosphérique), Richard Lederer propose ce troisième album, débordant de mâturité, et d'une qualité de son supérieure aux 2 albums précédents. Contrastant avec les ambiances mélancoliques de DVKE et l'univers médiéval fantastique de SUMMONING, "The Killing Emptiness" délivre une atmosphère davantage cinglante, sévère et agressive. Tout en gardant une ligne mélodique structurée, l'écriture s'avère complexe et très lugubre. Cet album est froid, lancinant, aux tempos lents, et aux accords exclusivement mineurs. "The Killing Emptiness" est le fruit d'une recherche mélodique et structurale aboutie, méritant tous les honneurs du public. Petit must du genre... ainsi interprété par le clavier de DVKE et SUMMONING, on ne peut douter du talent et de la maestria emplis de la glauquitude d' ICE AGES.


DOMINION CALIGULA "A new era rises" (No Fashion Rec.)


Alexis Kieffer

Encore un groupe composé d'Illustres. Ici, c'est DARK FUNERAL qui est mis à contribution en fournissant deux de ses actuels et un de ses anciens membres. Et, encore une fois, pour notre plus grand bonheur. En effet, sachez qu'outre le son hyper heavy dont Tommy Tägtgren est l'auteur, cet album propose des morceaux qui s'inscrivent dans une veine qui m'a fait penser à du CARCASS dernière époque, c'est à dire conjuguant des passages ultra heavy et une indéniable touche high tech dans le son. Rien que du très bon. Ceci dit, il est tout de même très révélateur de constater que 6 ans après son split, CARCASS demeure encore la référence ultime en termes de metal de qualité...

S.U.P "Anomaly 2000" (Holy records)


Christophe Noguès

La sortie d'un nouvel album de SUP est toujours un mini-événement. Ce double CD contient l'album ANOMALY datant de 1995, les morceaux supplémentaires figurant sur le mini-album TRANSFERT sorti en 1996, et le dit album complètement réenregistré. Ceci dit, je ne vais pas vous dire laquelle des 2 versions est la meilleure, ni s'il faut acheter plus cet album que la nouvelle sensation néo-gothic-true-metal. Non ! Il faut acheter TOUS les albums de SUP. Comment ne pas être triste ou en colère de savoir que nos petits français vendent très peu de disques, alors que des tâcherons en vendent beaucoup plus, grâce aux effets de la mode (neo-metal, true-metal) ou de l'image (des guignols peinturlurés tout droit sorti d'un revival de Kiss ; de soit-disants suppôts de Satan…suppositoires plutôt ; ou des crétins sautillants et masqués…). Car, SUP fait partie de ces groupes incontournables jouant une musique originale, " pure ", débarrassée de toute étiquette superflue. Ce sont des musiciens au sens le plus noble du terme ; de vrais artistes. Leur musique combine beauté et laideur, limpidité et noirceur, simplicité et complexité. Une musique finalement bien plus accessible que peut le laisser penser leur réputation d'avant-gardistes. Découvrez le meilleur groupe français ! Encouragez l'un des groupes les plus intéressants de la scène metal internationale ! Ne boudez pas votre plaisir et achetez leurs CD.


NOVEMBER'S DOOM "The knowing" (Dark Symphonies)


Alexis Kieffer

Porter un tel nom et jouer du ... doom, franchement, il fallait oser ! Ceci posé, sachant que les groupes de pur doom se font désormais assez rares, on ne peut que saluer l'initiative consistant à remettre à l'honneur cette musique qui ne sera, hélas, jamais très porteuse sur le plan commercial. Surtout aux Etats Unis, patrie de ces lascars. Leur mérite n'en est que plus grand. Mais au-delà de ces considérations générales, il faut avouer que nous sommes face à un groupe qui ne se démerde franchement pas mal dans un genre proche de ce que jouait à ces débuts (et rejoue désormais) MY DYING BRIDE, les violons en moins. On a finalement affaire à une musique assez monolithique, aérée par des breaks atmosphériques et des solos très bien sentis. Tout ce que l'on demande à un album de doom digne de ce nom.


AMON AMARTH "The Crusher" '(Metal Blade)


Orphana

Troisième album consécutif au sein du label Metal Blade, le death metal scandinave nous revient représenté par Amon Amarth, avec presque 2 ans d'absence. Ce n'est pas pour cela que le groupe a vaqué, les plus fans d'entre vous ont certainement eû le privilège de les voir jouer à l'une de leurs nombreuses tournées festivalières en Europe entre 1999 et 2000. "The Crusher" présente toute les caractéristiques du death metal traditionel, brutal, redoutable et puissant. Piquant toutefois le côté mythologie païenne à leurs compatriotes black métalleux. On se lasse en revanche du thème abusivement exploré de la guerre et de la colère des Dieux. Cependant, une consolation de taille : "The Crusher" contient en bonus track la reprise "Eyes of Horror", de Possessed !


YEARNING "Frore meadow" (Holy records)


Alexis "angry" Kieffer

Du pur pompage ! Entre les guitares purement KATATONIA et la voix désormais inspirée de ARCTURUS, on ne peut pas dire que YEARNING se soit vraiment cassé le tronc pour trouver son inspiration. Vous me direz, ils auraient pu tomber plus mal question influences. Certes, certes. Cependant, lorsque l'on connaît la qualité des albums produits par les deux modèles, on se demande quel est l'intérêt d'acheter ce disque. Ajoutez que certains morceaux à vocation pseudo-atmosphérique font manifestement office de bouches-trous et vous aurez compris que mieux vaut réserver son argent soit pour les prochains albums des deux maîtres, soit pour les groupes qui ont deux sous de courage artistique.


Yattering "Human's Pain" (Season of Mist)


Orphana

Bon, là, puriste ou pas, il faut savoir faire la part des choses. La production est nickelle, le contenu intéressant : 2 bonus valent le coup d'oreille, puisqu'il s'agit d'une reprise de BRUTAL TRUTH ("I'll Neglect"), ainsi qu'une reprise de SLAYER ("Dittohead"). Mais les 11 premiers titres ne se démarquent pas vraiment les uns des autres, et l'écriture des compos reste un peu douteuse. En effet, l'enchaînement des titres se fait à tout berzingue, les compos sont assez plates. Brutal, Yattering, ça oui, pas de problème. Mais la distinction avec les nombreux groupes extrêmes qui refont actuellement surface se fera non sans mal. On s'ennuie un peu, sur ce coup-là.


…AND OCEANS "Am god" (Century Media)


Christophe "God of Merguez" Noguès

Ce groupe finlandais œuvrant dans un black-metal symphonique original avait été découvert par l'excellent label français Season of Mist pour lequel ils ont réalisé 2 albums. Les voilà maintenant sur une plus grosse structure à savoir Century Media. Et avec ce nouvel album, ils continuent leur évolution amorcée sur le précédent album. A savoir un black-métal résolument moderne avec quelques influences électro, et débarrassée de tous les clichés sataniques bon marché. Mais attention, on n'a pas affaire à du Beherit, du Diabolo's rising, voir du Rammstein, mais bien à un groupe de métal extrême plus axé sur les guitares que sur les machines. Et ça fonctionne ! …And Oceans vient de réaliser là son meilleur album ! ! Et avec les finlandais vous aurez plus l'impression de vous envolez dans la stratosphère ou d'explorer les méandres de l'âme humaine plutôt que d'errer dans les montagnes enneigées scandinaves, voyager en drakkar ou égorger les chrétiens. Puissant, actuel et c'est du tout bon !

KILL THE THRILL "203 barriers" (Season of Mist)


Alexis "happy" Kieffer

KILL THE THRILL n'a jamais cessé d'exister. Ce groupe est même d'une constance exemplaire sur le plan artistique en dépit du handicap que représente le fait d'être français dans le monde de la musique quand on ne joue pas du rap... Ce nouvel album est réellement impressionnant tant par sa cohésion (un vrai bloc !) que par la qualité de ses compositions qui sont autant d'odes noires et angoissantes n'ayant rien à envier à celles que concoctaient les grandioses SWANS. Car la filiation est évidente. Comme eux, KILL THE THRILL parvient à combiner merveilleusement tristesse et puissance, mélodie et âpreté. Car il n'est pas uniquement ici question d'industriel. Il y a une âme derrière tout cela. Oserais-je employer le terme de planant ? J'ose ! Cet album est une réussite complète et confirme ce que nous savions presque tous depuis longtemps : KILL THE THRILL fait partie des très grands.

GOD DETHRONED "Ravenous" (Metal Blade)


Orphana

La popularité de plus en plus exacerbée de God Dethroned n'a heureusement pas ramoli leurs cerveaux ni leur bon sens. En effet, après une grande tournée européenne avec Immortal en 1999, ainsi que le Death Metal Massacre Festival aux States (avec Cannibal Corpse), et la tournée japonaise avec Ritual Carnage, les excellents God Dethroned nous reviennent avec un album chef-d'oeuvre. Ici, on ne tourne pas autour du pot, "Ravenous" est d'une qualité incontestable, incisive et claire. Les riffs semblent plus travaillés que dans "Bloody Blasphemy", et la composition plus rigoureuse. God Dethroned est revenu, plus fort que jamais, et "Ravenous" est certainement l'album le plus brutal, intense et massif. Rien à redire.

DESTROYER 666 "Phoenix rising" (Season Of Mist)


Alexis Kieffer

Franchement, je m'attendais à du vraiment mauvais. Et puis non. Ah mais, franchement non. Voici un très honnête disque de black-death qui réussit clairement là où USURPER a échoué : faire du celtic-frost-revival sans être grotesque. POSSESSED n'est pas non plus très loin. Le secret, il me semble, de cette réussite consiste en un côté épique très réussi qui fait agréablement passer la pilule de tant d'archaïsme. Du coup, on écoute tout l'album sans trop regarder sa montre et on se surprend à se dire " déjà ? " quand il s'achève. Une bonne surprise.


YOUR SHAPELESS BEAUTY "same" (Adipocere)


Christophe "My Shapeless Merguez " Noguès

Cela faisait un moment que l'on n'avait plus trop de nouvelles des petits gars de la Camargue. Et en attendant le digne successeur de " Sycamore grove ", leur 1er album, les voilà qu'ils nous balancent ce CD dans les esgourdes ! Et cela fait du bien ! Car pour le prix d'un mini-album vous avez un CD longue durée. On peut y trouver un nouveau morceau, 2 excellents titres plus anciens qui étaient sortis en 45 t sur un petit label norvégien et du live ! Et des titres live d'assez bonne qualité pour un groupe avec finalement très peu de moyens financiers. YSB fait de la très bonne musique mais pas du black-metal (…bien sûr puisque c'est de la bonne musique !!), comme on tente trop souvent de les y affilier. Le black n'est qu'une petite composante de leur musique qui mélange avec homogénéité du heavy traditionnel avec le metal extrême. Une vraie symbiose des genres ! Alors afin de patienter jusqu'au nouvel album, ruez vous sur cet encas ! Cela ne vous ruinera pas.

VAMPIRIA "Among mortals" (Icarus)


Alexis Kieffer

Avec un tel nom, pouvions nous attendre autre chose que du goth-black ? Rien ne nous est épargné : ni la voix féminine, ni la double voix claire/grognée masculine, ni les claviers... Et pourtant, ce n'est pas si mauvais. Car la production , le niveau technique et de bonnes compositions rattrapent tous ces clichés. Ajoutez qu'ils sont argentins et que ce n'est pas tous les jours que des disques nous arrivent de ces antipodes, et vous aurez comme moi une once de compassion pour ces faux vampires.

ATARAXIA "Suenos" (Cold Meat Industry)


Orphana

Succédant au dernier album "Lost Atlantis", dont l'orientation est davantage baroque, "Suenos" se divise en 3 parties. Contrairement à d'habitude, ATARAXIA propose un album sans concept particulier, et résume dans ses 3 chapitres les styles les plus explorés par le groupe. A savoir quelques (rares) parties éthérées/atmosphériques, ainsi que du médiéval et du baroque (ambiance Renaissance italienne). Toute la première partie est dédiée à la musique et aux thèmes légendaires médiévaux, et ce avec des instruments exclusivement accoustiques. Il n'est pas question sur cet album d'y intégrer quelque clavier et boîte à rythme. De plus, l'ancien clavier d'ATARAXIA vient faire écho à Francesca Nicoli de sa surprenante voix de basson. Ce dialogue lyrique souligne l'aspect monophonique fantastique de la musique médiévale d'antant, reprise avec passion dans "Suenos". Les seconde et troisième parties de l'opus sont davantage baroque, mélancoliques et élégiaques. Le thème de cet album s'articulant autour de l'Histoire Universelle, ATARAXIA révèle des paroles écrites en italien, anglais, français, grec ancien et latin. Chaque titre est donc un régal, une fête. ATARAXIA peaufine ainsi en un seul album une recherche musicale vieille de 15 ans, et innonde de plaisir son auditoire par sa maîtrise du genre et par sa splendeur.

FAILED HUMANITY "The sound of razors through flesh" (Candlelight)
 


Alexis Kieffer

FAILED HUMANITY donne dans le death metal très brutal. Evidemment, la comparaison avec CANNIBAL CORPSE s'impose. Pour une fois, elle n'est pas trop cruelle pour les cadets. Ceci dit, n'exagérons rien :ce n'est tout de même pas l'album du siècle et l'écoute devient assez vite fastidieuse tant le manque d'originalité est flagrant. Sans être déconseillé, l'achat de cet objet est loin d'être prioritaire

CATASTROPHIC "The Cleansing" (Metal Blade)


Orphana

Taratata... Les grobils sont là... Et pas des moindres, s'il vous plaît ; il s'agit ici de la formation parallèle de Trevor Peres, guitariste rythmique et principal compositeur d'Obituary. Ne suivant aucune mode, Catastrophic offre un death metal brutal avec l'intensité d'un hardcore 80's new-yorkais. Après avoir écouté "Hate Trade", "Pain Factor" ou encore "The Veil", vous ne cesserez de vous demander ce qui vous a mis par terre. Pas une musique de femmelette...

LOVE LIKE BLOOD "Chronology of a love affair" (Hall of Sermon) 


Alexis Kieffer

Drôle d'initiative que celle qu'a prise LOVE LIKE BLOOD de reprendre 16 morceaux de groupes qui sans être tous purement gothiques ont pour point commun de donner dans le sombre : de JOY DIVISION à TIAMAT en passant par TYPE O NEGATIVE, PARADISE LOST, THE CULT ou MARILYN MANSON pour n'en citer que quelques uns. Le résultat est assez homogène, car le style de LOVE LIKE BLOOD est suffisamment consensuel pour que rien ne soit massacré.... ni transfiguré. Car là réside la faiblesse de l'entreprise. Les morceaux sont certes repris correctement, mais tout cela manque singulièrement de relief. Par ailleurs, il faut en outre reconnaître que les reprises des groupes les plus récents, génération à laquelle appartient LOVE LIKE BLOOD, est parfois carrément désavantageuse pour ces derniers. C'est le cas de façon flagrante en ce qui concerne la reprise de " Black n°1 " de TYPE O NEGATIVE. Au final, on ne sait trop que penser de cette tentative d'hommage qui aurait gagné à être plus aventureuse.


ABORTED / CHRIST DENIED (Soul Reaper Records)


Zoltar

Pas forcément le gros molard que l'on attendait mais du bien grassouillet quand même... Après un premier album sur Uxicon records (la boite d'un des membres d'Agathocles) et un un prochain bébé à sortir imminement sous peu chez Listenable, les Belges d'Aborted sortent sur leur propre label un certes court split mini CD (moins de vingt minutes) mais bien costaud. Aborted attaque le premier et ces trois nouveaux morceaux démontrent que le groupe s'éloigne de plus en plus du grind pur et dure pour s'orienter vers un death toujours propre à écraser n'importe qui sur son passage mais également assez technique avec pas mal de solos de guitares hystériques. Même si leur fixation sur les serial-killers et les sujets "gore" sont hélas beaucoup trop bateau, leur formule musicale acérée à la Suffocation dernière époque - voire Carcass par moments - est extrèmement bien maitrisée. Du plus sérieux qu'il n'en parait au premier abord... Christ Denied (qui a déjà dans sa besace un album, un split Ep et un split Cd) est fidèle à son message exclusivement anti-chértien comme l'annonce leur nom. Pour les idiots du fond qui n'ont pas écouté les leçons précédentes, Christ Denied est en fait un duo constitué de Dave Rotten d'Avulsed, du guitariste Dave Nigger (qui avait travaillé sur les remixes techno d'Avulsed justement sur Cybergore) et d'une boite à rythme. Là, on patauge aussi complètement dans un style brutal death US (on retrouve d'ailleurs une reprise de Pyrexia) très carré avec une voix toujours aussi profonde (et sans effets!). Certes de l'underground de chez underground mais devrait bien récurer vos cages à miel.

EXTREME NOISE TERROR "Being and nothing" (Candlelight) 


Alexis Kieffer

Quand le grindcore devient plus heavy qu'à l'accoutumée, on obtient un disque en tous points parfait. C'est le cas en l'espèce avec cet album massacreur. Certainement le meilleur album de grindcore depuis le premier BRUTAL TRUTH. Il est difficile d'en dire plus tant le style a déjà été balisé depuis longtemps. Fiez-vous à cet avis : c'est du brutal. Et du meilleur.

SCHINDLER "Transverse mercator" (Golf rec.) 


Alexis Kieffer

SCHINDLER évolue dans un style que l'on pourrait qualifier de croisement entre MUDHONEY et le THERAPY? de "Troublegum". L'intervention de Martin Atkins en qualité de producteur lassait pourtant augurer quelque chose de plus industriel. Il n'en n'est rien : il est ici question de punk, un point c'est tout. Avec toutefois une qualité que n'ont pas les trouducs du style NOFX, OFFSPRING ou GREEN DAY : SCHINDLER est anglais, gage d'un sens de la mélodie recherchée qui n'est parfois pas sans rappeler AFGHAN WHIGS, ce qui est un excellent point. Du punk intelligent en quelque sorte. Assez rare pour que l'on s'y attarde.

ANGEL CORPSE "Iron, blood and blasphemy" (Osmose)
 


Alexis Kieffer

Décidément, chez Osmose on déterre les cadavres ! Après les vrais-faux inédits de IMPALED NAZARENE, le label nous gratifie d'une nouvelle heure d'inédits, made in ANGEL CORPSE cette fois. Il s'agit ici principalement de reprises de groupes tels que SLAYER, IRON MAIDEN, POSSESSED, ou JUDAS PRIEST. Le principal intérêt de ce disque est de nous montrer que ANGEL CORPSE possède dans ses rangs un guitariste soliste digne de ce nom et qui pour une fois trouve à s'employer lors des reprises de ces groupes des 80's. Hormis cet attrait, assez mince, ce disque me semble dispensable sauf si vous vous sentez une âme de "Supporter de l'underground" (traduisez : vache à lait des labels indépendants).

VINTERSORG "Cosmic genesis" (Napalm Records)
 


Christophe Noguès

J'avais découvert Vintersorg avec leur second album "Till fjalls" et j'avais beaucoup apprécié. Et avec ce quatrième, Vintersorg a considérablement mûri et évolué. Ce qui sonnait un peu amateur et underground est devenu une musique magnifique, prenante, envoûtante ! Ce mélange de black, de heavy, de progressif et de musique folklorique est vraiment excellent. Le chant clair particulièrement présent sur l'album est superbe, les arrangements sont très bons, les riffs et les rythmiques sont efficaces, et les chansons sont excellentes. Et à peu de choses près, y'a qu'un musicien qui écrit, compose et joue ! Incroyable ! Cet album est génial, achetez-le !

PARADISE LOST "Believe In Nothing" (EMI) 


Frank ARNAUD

Après "Host" et son relatif insuccès, nombreux sont ceux qui attendaient Paradise Lost au tournant. Bien sur, nos 5 anglais n'ont pas pour autant renoué avec leur passé death-metal ou le heavy gothique de la période " Shades Of God ", mais ce " Believe In Nothing " marque un net retour des guitares ! (bien saturées, comme on les aime…) En fait, ce huitième album est plus dans la lignée de "One Second" qu'autre chose… Je passe sur les qualités de présentation et de production de ce disque. Une fois de plus, Paradise Lost fait carton plein et tout est quasi parfait. Paradise Lost nous propose 12 titres construits un peu sur le même schéma qui après plusieurs écoutes, prennent toute leur saveur. Un subtil mélange d'ambiance mi cold wave mi-électronique (l'ombre de Depeche Mode semble toujours planer au-dessus du groupe…), des guitares incisives et mélodiques et un Nick Holmes au meilleur de sa forme en sont les exemples les plus flagrants. Certes, Paradise Lost n'a plus grand chose à voir avec un groupe de Metal classique et les plus "fanatiques" d'entre vous risquent de ne pas accrocher et de rejeter les samples, les sons électroniques et autres boîtes à rythmes. Mais à la différence d'un Metallica, l'évolution de Paradise Lost reste logique tout en bousculant véritablement les clichés du groupe de metal de base. Au final, un album excellent, résolument moderne et qui ne peut que nous rassurer sur l'état de santé du quintet britannique. Par contre, pourquoi s'être tous "tondu" de la sorte ? Hein Aaron ?!


FLESHGRIND "The Seeds of the Abysmal Torment" (Season of Mist)


Orphana

Pionnier incontesté du brutal death, Fleshgrind revient avec "The Seeds of Abysmal Torment", après avoir eû une distribution chaotique au sein de différents labels. Cette nouvelle production signée chez Season of Mist offre une nouvelle ampleur bien plus professionelle qu'autrefois. Cet album est riche en batailles de riffs extravagants, dans la pure lignée du grind traditionel, cependant marqué d'influences thrash qui délaye le côté parfois touffu du brutal extrême. Donc, quelques passages où la ligne "mélodique" est facile à suivre. "The Seeds of the Abysmal Torment" ravira les puristes du genre.


CARNIVORE "Carnivore" et "Retaliation" (Roadrunner)


Alexis Kieffer

Roadrunner a une excellente idée en rééditant en version remasterisée et, surtout, avec des livrets attractifs, ces deux albums cultes. La plupart des heureux possesseurs de ces deux disques les avaient certainement acquis dans la version cheap " price killer " de Roadrunner, sans les paroles, ce qui, on s'en rend compte aujourd'hui, était une perte colossale. Rien que pour ça, l'achat est indispensable, que vous soyez fans de TYPE O NEGATIVE, de hardcore ou de documents historiques. Il faut en effet replacer ces albums dans leur contexte : 1985-1987, Brooklyn, les skins, les punks, le thrash... En outre, mais ça on le savait déjà, TYPE O NEGATIVE est déjà en germes dans ces deux brûlots. Ecoutez par exemple le break acoustique de "male supremacy" , les parties lentes de "armageddon" ou la partie centrale de "race war". En plus, musicalement, ce n'est pas du tout aussi mauvais que ce que les menteurs ont voulu nous faire croire jusqu'à présent. Il faut même plutôt reconnaître que le remastering permet de goûter parfaitement la science du riff qui sous-tend l'ensemble. Au vu de l'état moribond de la scène hardcore actuelle, ces deux albums n'ont strictement aucune honte à éprouver. A acheter impérativement.


LOWBROW "Victims at play" (The Plague rec.)


Alexis Kieffer

J'ai lu dans la presse true-metal (non j'ai pas dit "vendue", qui a entendu "vendue" ?) que ce groupe est formé de roadies de OBITUARY et de Son Altesse Allen West. Et en effet, la bio le confirme (c'est d'ailleurs aussi en lisant la bio que ladite presse l'a su. Parole, c'est bien la première fois que je fais quelque chose comme un journaliste de true metal. Vous allez voir que bientôt je me lancerai dans le business discographique et que je ferai encenser mes productions par un gratte-papier de Decibels Storm). Question riffs, je vous laisse deviner à qui on pense. Pour le reste, on nage dans le très médiocre. Soyons clairs, sur le plan créatif cet album est une grosse merde. Je vous aurai prévenus.


SEPULTURA "Nation" (Roadrunner)


Frank ARNAUD

Si un groupe était bel et bien attendu au tournant, c'était Sepultura. Après un album " Against " décevant, une prestation scénique en ouverture de Slayer il y a 2 ans tout aussi décevante, on attendait un sursaut de nos brésiliens chéris ! (les ayant vu plus de 10 fois live entre 1991 et 1999, je crois pouvoir juger…) Pari réussi ! Ce "Nation" renoue avec les racines de Sepultura tout en explorant en même temps de nouveaux horizons musicaux. Le premier titre "Sepulnation" est d'ors et déjà promis au statut de classique tant l'essence vitale de Sepultura habite cette chanson. Idem pour des titres comme "Border Wars", "Uma Cura" ou "Politricks". Les instruments traditionnels brésiliens sont aussi de retour sans pour autant marcher sur les plates-bandes de Soulfly. Par contre " One Man Army " sonne plus Faith No More, "The Ways Of Faith" lorgne du coté Alice In Chains, "Water" sonne très psychédélique…. En fait le registre vocal de Derek s'est considérablement élargis et se combine parfaitement aux différentes ambiances de "Nation". L'album se termine magistralement par une valse ("Valtio") ou le metal brut du groupe laisse subtilement place à une surprenante orchestration classique des plus réussies. Avec ce "Nation", Sepultura fait plus que redorer son blason… pendant 53 minutes, il mord, déchire, caresse avant de mieux déchiqueter l'auditeur dans le sens du poil ! Pas de doute, Sepultura is back ! !

MARDUK "La Grande Danse Macabre" (Regain rec.)


Alexis Kieffer

Le monde commençait tout juste à panser les plaies causées par " Panzer Division Marduk ", et voilà que MARDUK rebalance une bombe ! MARDUK est un cas unique dans la stratégie militaire : ils parviennent à conjuguer guerre éclair et guerre d'usure. L'usure par l'éclair : il fallait y penser. Il fallait surtout en avoir les moyens. Car c'est bien beau de bombarder à tout-va ; encore faut-il que les bombes H ne se muent pas en pets de lapin. Ici, ce n'est vraiment pas le cas. Non seulement MARDUK continue à créer de purs joyaux de violence sanglante, mais en outre, il nous gratifie de quelques passages et titres hyper-heavy, avec solos de guitares et tout et tout. Il y même des instrumentaux... Le tout, sans déroger une seule fois aux préceptes black. Ce disque est une balafre sanglante dans la chair des prétentieux qui tentent de nous faire croire que la défense de l'orthodoxie black mène forcément à la médiocrité. C'est faux, MARDUK en est la preuve.


INSANIA "Sunrise In Riverland" (No Fashion)


Frank ARNAUD

Jusqu'à présent, No Fashion Rec était plutôt spécialisé dans l'extrême. Black, Death, Gothic, Ambiant… et voici qu'aujourd'hui ils se mettent eux aussi au Heavy Metal. INSANIA est originaire de Stockholm et voit enfin le bout du tunnel avec la sortie de ce deuxième album. Crée en 1992, le sextet suédois semble avoir pas mal galéré ces 10 dernières années et " Sunrise In Riverland " risque bien de renverser la vapeur. Influencé par des groupes comme Helloween ou Blind Guardian, INSANIA n'apporte certes pas grand chose de nouveau au " chmil-blik " du Metal mélodique moderne. Mais avec une production signée Mikko Karmila (Finnvox Studio) et des musiciens accomplis, ces vieux briscards se hissent tout bonnement au niveau d'un RHAPSODY ! L'imagerie et l'ambiance du disque sont là aussi très Dongeons & Dragons avec une très belle pochette. Coté zique, leur heavy mid-tempo rassemble une collection de mélodies rendues imparables grâce à un travail de guitares très influencé par le classique et grâce à un très très bon chanteur ! Des chœurs omniprésents viennent donner un petit coté épique supplémentaire, les solos de guitares et de claviers sont impressionnants de virtuosité…. Plus de 60 minutes de bonheur musical assuré pour tous les fans du genre. Pas original pour un sou, mais pour une fois qui ira s'en plaindre !


MAZE OF TORMENT "Death strikes" (Necropolis Rec.)


Alexis Kieffer

Avec un tel nom et un logo aussi pourri, on pouvait s'attendre au pire. Et puis non. Dans le genre SLAYER croise ENTOMBED, on aurait pu tomber plus mal. Et comme la technique est à la hauteur, on se prend à réellement apprécier. Délaissant certains tics agaçants du son suédois actuel, MAZE OF TORMENT est peut-être parmi les clones d'ENTOMBED celui qui attire le plus de sympathie. Ah ben oui, il s'agit quand même de clones d'ENTOMBED. Mais ce n'est pas grave, ils ne sont pas les premiers : de plus anciens et de plus célèbres s'y sont collés avant eux. MAZE OF TORMENT fait passer un bon moment, et c'est bien tout ce qui compte.


MOLTEN UNIVERSE VOLUME 2 (Molten Universe)


Zoltar

Dans le flot ininterrompu de compilations affiliées "stoner" depuis deux ans, le premier volet de Molten Universe s'était hissé à coups de coudes au-dessus de la foule. Pas forcément certes par l'originalité flagrante de ces groupes (alors tous Suédois) mais surtout par la qualité des compositions présentées. Le second volume fait aujourd'hui son apparition et même si on a daigné accepter des Belges (le très "Fu-Manchuien" Massis), des Norvégiens (Pawnshop, avec un titre de leur deuxième album) et des Finlandais (les plus rock n'roll Sunride), le ton est le même et le dit "fuzz-rock" est la seule religion acceptée. Entre énergie punk, heavy 70's et doom rock, les seize combos présents déclinent chacun plus ou moins à leurs façons le culte de Fu-Manchu et Kyuss. Au milieu surnagent un inédit assez hardcore de Transport League ("Speedhead") assez proche de ce que fait actuellement Entombed, un titre de Demon Cleaner - dont le bassiste Martin est à l'origine de cette compilation et de ce label - et un extrait du maxi uniquement paru en vinyl du super-groupe Greenleaf (avec des membres de Demon Cleaner et Dozer). Rien certes qui ne révolutionnera le petit monde déjà bien conservateur du stoner mais du tout cuit pour qui ces rythmes lymphatiques et ces grattes retro au grain de distortion baveux sont autant d'orgasmes sonores.


DAWNBRINGER "Catharsis instinct" (Dawnbringer/Icarus rec)


Alexis Kieffer

Il y a dans le death-metal des américains de DAWNBRINGER quelque chose d'original. Un côté saccadé qui ne laisse pas de séduire et d'intriguer (ça va souvent ensemble). D'un autre côté, ils balancent des solos de guitares et des harmonies qui ne sont pas piqués des vers. Vraiment très intéressant. Ce groupe est manifestement très ambitieux sur le plan artistique et a choisi de n'être ni le 3502 ème baby-MORBID ANGEL ni le 208 ème cousin de ENTOMBED. Sur la durée, le travail rythmique est tellement poussé que ça en devient stressant. Mais enfin, on ne va quand même pas se plaindre. Il faut absolument les signer.


NO RETURN " Self Mutilation " (Kodiak)


Frank "Mutilated" Arnaud

Voici certainement l'un des plus vieux groupes français encore en activité. Après un long passage à vide, un changement de line-up important, NO RETURN est véritablement de retour avec un album qui renoue avec les racines musicales du groupe ! A savoir : du gros death-metal qui bastonne et qui bastonne bien. Tout d'abord, ce " Self Mutilation " bénéficie d'un " environnement " optimal. Superbe pochette, production magistrale et interprétation sans faille. Pour ce qui est de la musique en elle même, No Return propose un death tendance ricain agrémenté de quelques samples et autres effets technologiques. Le résultat est surprenant (pas pour ceux qui se souviennent des 2 premiers opus du groupe…) de qualité ! Les riffs sont surpuissants, le chant digne des maîtres du genre et la musique du groupe est suffisamment variée et technique pour ne pas lasser l'auditeur au bout d'un quart d'heure. Au final, 36 minutes qui raviront tous les amateurs de death.


IN BLACKEST VELVET "Edenflow" (Sturmesflügel)


Alexis Kieffer

Dingue, le nombre de groupes "à la AT THE GATES", parfaitement inconnus, et qui parviennent à sortir des albums corrects tant sur le plan de la technique que sur celui du son. M'est avis qu'en Europe du Nord, une génération de métalleux doit passer vingt heures par jour à répéter et à parfaire sa technique dans l'espoir qu'un jour... Ca change des branleurs d'antan. IN BLACKEST VELVET fait manifestement partie de ces besogneux méritants. Le problème, et vous m'avez vu venir, c'est qu'il n'y a pas de place pour tout le monde. IN BLACKEST VELVET arrive trop tard. Plus tôt, ils n'auraient certes pas pu prétendre aux premières places, mais ils auraient néanmoins pu être ABLAZE MY SORROW à la place d'ABLAZE MY SORROW. Vous me direz, ce n'est pas très baisant comme perspective. Mais c'est toujours mieux que ce qui attend IN BLACKEST VELVET : l'amertume et le dépit.


DAEONIA "Crescendo" (Candlelight)


"Wild" Orphana

En matière de goth, on a vu bien mieux. Surtout chez Candlelight. Daeonia se présente comme un groupe apathique et plat, tout comme son dernier album "Crescendo", qui est complètement sans intérêt. Aucune émotion, aucune originalité, aucune profondeur. Chaque morceau est superficiel, tous les titres s'enchaînent en une espèce de pop-goth où les zicos ont l'air bien timide, et n'osent exprimer un talent vraiment bien caché. Daeonia, contrairement à ce qu'il affirme, ne se démarque aucunement des standards à la 69 Eyes et consors. C'est bien de se venter d'être sorti de l'ombre, mais en ce qui concerne ce groupe, il ferait bien d'y retourner.

 

 

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