Remembrance - "Fall, Obsidian Night"
Chaque nouvel album de Remembrance est un véritable bonheur de tristesse...
Troisième album de solitude hivernale pour les français, maitres du doom absolu. Encore une fois le duo Carline Van Roos / Matthieu Sachs a su pénétrer notre intimité pour nous y glacer le coeur et geler ce qui pouvait en rester d'humanité...
Mais pour réaliser ce nouvel exploit, le duo est devenu un trio, avec l'arrivée de Norman Müller à la batterie.
Remembrance nous offre sept nouvelles chansons, où les atmosphères sont de nouveau mises en avant, avec des titres très down-tempo mais possédant définitivement un charme mortel et blême. Aucune aventure hasardeuse avec cet album, la composition est relativement similaire à ces prédécesseurs, on peut se satisfaire de n'écouter qu'une continuité de la création de Remembrance au travers de chansons dominées par une voix masculine majoritairement gutturale et solennellement lugubre qui vient s'entrelacer avec le baiser fatal de la voix de Carline sur des passages plus légers comme sur « Stone mirrors » où l'arrivée des vocaux féminins vient comme une bouffée de pureté à la manière des groupes plus proches d'un courant à la Collection d'Arnell Andrea.
Mais les grandes nappes de claviers dominant la plaine de notes en désolation sont toujours présentes pour absorber notre énergie, la transformer et la recracher en anti-matière. Les pianos sur la fin de « The Omen » offrent ce moment d'absence qui nous laisse juste las, prostré, et interrogatif sur la raison de toute chose...Cet album montre que Remembrance peut largement nous inonder éternellement de sa mélancolie avec néanmoins quelques reliefs dans sa musique, notamment sur « Our memories ar made of stones » où le drap mortuaire musical qui nous enveloppe délicatement se fait moins pesant grâce à une chanson puisée plus dans la musique folk atmosphérique et ambiant que dans le doom pur.
On travers tout un paysage en cours de désolation avec cet album, l'effort d'imagination relatif à un panorama de végétation morte à la lueur du crépuscule, en contemplant la tristesse de pierres froides et difformes, s'adapte merveilleusement à la musique de Remembrance.
« Winter tides»,nous gratifie de quelques passages à la guitare inspirés intelligemment d'anecdotes puisées dans l'escarcelle de Paradise Lost des débuts, pour en fin de morceau pour la première fois véritablement accélérer sur la grosse caisse de la batterie, chose rare chez Remembrance. Mais cette influence de groupes tels que My Dying Bride ou Paradise Lost m'a toujours semblé présente quelque part chez Remembrance ou Lethian Dreams...
Et enfin « Obsidian » vient clore lé cérémonie par une touche dark ambient dans toute sa splendeur.
Avec des morceaux longs de plus de sept minutes en moyenne, des guitares sinistres et déprimées, Remembrance confirme son aptitude à apporter la tourmente.
Enregistré à Lille et à Lübeck entre juillet et octobre 2009, mixé au Walnut Groove studio par Axel Wursthorn comme l'avait été « Silencing the moments » d'ailleurs, c'est encore une production sans faille qui vient mettre en valeur les compositions de Remembrance.
Nous avons ici, un troisième volet respectable qui n'apporte ni nouveauté, ni baisse de régime, bien que dans le style la locomotive soit déjà en plus lent, et qui nous conforte dans l'idée que loin de tous feux de la rampe, loin de toute promotion intensive, loin de tout mouvement mercantile, Remembrance trace sa route fidèlement, stoïquement et tous ceux qui voudront profiter de leur musicalité devront s'arrêter à un moment ou à un autre face à ces monuments d'affliction que sont les albums de ce groupe.