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Chronique et review de l'album The Gathering Wilderness de Primordial.

Primordial

"The Gathering Wilderness"

(metal blade -- 2005)

pochette de l'album The Gathering Wilderness de Primordialimage élargie - pochette de l'album
Primordial - "The Gathering Wilderness"
Pour sa première parution chez Metal Blade, Primordial nous gratifie d'un des sons les plus telluriques jamais entendus. A ce titre, les premières écoutes sont même rendues incommodes par cet espèce de grondement mat qui tient lieu de production. On est loin des cristalleries norvégiennes. Par la suite, on comprend que ce rendu est le fruit d'un attachement viscéral à la terre, à sa terre. Et aussi à cette volonté sans cesse réaffirmée de ne pas céder à l'esbrouffe, de ne faire, encore et toujours, que dans le solide et le rigoureux.
La guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens. A ce titre, les deux albums précédents dénotaient une certaine naïveté de la part de ceux qui pensaient encore pouvoir résoudre leur mal par le contact avec autrui, fût-ce en lui faisant la guerre. "The gathering wilderness", lui, est l'album de la résignation. Résignation aux désastres que l'on cause à soi-même et aux autres. Ceci dit, les mélodies n'ont jamais été aussi belles, comme sur le morceau éponyme, avec ses thèmes instrumentaux somptueux et si cohérents. En règle générale, le travail d'écriture réalisé sur cet album est sidérant. C'est d'ailleurs manifestement pour faire pièce à ces compositions tellement brillantes que le groupe a choisi cette production si compacte. C'est également certainement pour contrebalancer le caractère éminemment émouvant de la prestation de Nemtheanga. Car ce qu'il réalise ici est tout bonnement unique. Jamais colère n'a sonné avec autant de sincérité. Il n'y a désormais plus rien de techniquement black metal dans ce chant écorché, en permanence sur la corde raide du hurlement primal, outré, mais jamais outrancier. Comment peut-on réussir à être à la fois aussi rageur et aussi posé, aussi émotionnel et aussi technique ? Passer d'un chant vibrant à une gueulante rageuse ? Certains passages sont simplement bluffants, comme la fin de "End of all times", lorsqu'il hurle "but maybe, just maybe" (4'57", voyez où j'en suis : à poser des bornes dans les morceaux !) Et au point où j'en suis, je ne peux pas ne pas évoquer le cas de "Coffin ships", un des morceaux de metal les plus émouvants jamais créés, mélange de recueillement et de colère, de grâce et de regrets éternels. Nemtheanga y est successivement lyrique et furieux, achevant sa prestation par une séance de rage surhumaine ("...our broken spirits in rage and tatters", vers les 8 minutes : littéralement désarmant...)
Ce qui fait la force de ce disque est sa suite de petits moments au cours desquels l'auditeur est personnellement atteint, par une intonation, par un chorus, par une rythmique, faisant de cette oeuvre quelque chose d'unique et d'intime. Avec ce disque, vous ne serez jamais seuls.

Alexis Kieffer Decibels Storm - octobre 2008
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