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Ce
nouveau disque de Paradise Lost a une sacrée allure. Il faut
en premier lieu parler du son. Il est l'œuvre du producteur
Rhys Fulber, cerveau de Front Line Assembly et créateur en sous-main
des sonorités industrielles du "Demanufacture" de Fear Factory.
C'est dire si l'homme s'y connaît en textures électroniques
et autres arrangements themo-nucléaires. Le moins que l'on puisse
dire est que son travail sur ce nouveau Paradise Lost est de
la haute orfèvrerie tant notre homme est parvenu à ciseler avec
précision et discrétion une ambiance moderne et élégante. Ce
disque est ainsi bourré d'arrangements électroniques discrets
mais performants qui ont pour effet de dynamiser encore plus
une base déjà très affriolante. Car le groupe, de son côté,
apparaît en grande forme. Les compositions de cet album sont
ultra-efficaces comme en témoignent ces hits potentiels que
sont "Isolate" et "Erased", qui tout en mettant l'accent sur
un effort de mélodie remarquable, ne tombent jamais dans le
"commercial" grâce à des guitares bien tranchantes et, on y
revient, les effets électroniques de Fulber qui leur confèrent
une touche d'élégance froide. Bon, il paraît que Lee Dorrian
assure un arrière-chant sur "Erased". En ce qui me concerne,
je n'ai guère remarqué cette présence, mais je suis cependant
heureux de constater n'être pas le seul fan de doom préhistorique
à estimer Paradise Lost, puisque le meilleur d'entre-nous, le
bien-aimé Lee 1er semble penser la même chose. Que je sache,
il n'est pas homme à donner facilement son imprimatur (ou plutôt
sa "phonographatur"). Il est bien ce Lee. Et je ne pense pas
qu'il l'ait fait uniquement par amitié pour x ou y. Lee n'a
pas d'amis à part moi (en tout cas, il ne devrait pas), et je
jure ne pas lui avoir demandé d'intervenir sur "Erased". Au-delà
de ces deux titres emblématiques, je dois confesser avoir été
soufflé par la qualité des morceaux qui sonnent avec un naturel
et une force finalement peu communes. C'est ainsi que "Prey
nightfall" et "No celebration" sont des titres sombres, froids
et puissants, serpentant dans des méandres de fatalité. Les
autres sont des mid-tempos bien enlevés, travaillés à la seconde
près et dont tout superflu a été soigneusement chassé. Il se
dégage donc de ce disque une atmosphère de rigueur accentuée
par le chant de Nick Holmes qui, pour la première fois, parvient
parfaitement à mêler hargne et chant clair à travers une louable
sobriété. On notera enfin le soin tout particulier apporté aux
intros et à ces petits détails qui font que l'on se sente bien
dans cet album. Paradise Lost ne jouera plus jamais du doom-gothique.
C'est entendu, c'est son droit et c'est tant mieux. Mais dans
le style original qu'il explore depuis 1997, il est le meilleur,
l'archi-triomphateur, l'exemple ultime. Et en plus, Lee Le Grand
approuve. Qu'on leur donne les clefs de la ville. |
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Quelle
incroyable résurrection ! S'il y a bien un groupe sur
lequel je n'aurais pas misé le moindre centime quant
à son futur artistique, c'est bien celui-ci . Après
l'âge d'or passé de "Icon" et "Draconian
Times" où il fut unanimement reconnu comme l'étoile
montante du heavy moderne, les productions suivantes plongèrent
nos Anglais dans un sommeil créatif sans limites. "One
second" tenait encore la route mais laisser présager
d'un avenir électronique. "Host" et "Believe
in nothing" confirmaient la tendance. Ils n'étaient
pas foncièrement mauvais mais trop lisses, trop formatés
pour séduire le plus grand nombre. "Symbol of Life"
tourne cette sombre page et propulse de nouveau Paradise Lost
au top. Comment résister à ces morceaux, combinant
de manière unique les deux " époques "
du groupe, qui restent imprimés durablement après
quelques écoutes ? Comment ne pas succomber à
ces envolées mélodiques couplées à
ce don unique du rythme ? S'il est vrai que le spectre de Rammstein
plane lourdement, l'on peut constater que les grands-britons
raffolent de ces rythmiques carrées, découpées
à la scie sauteuse et qui apportent une puissance indéniable
à ce maelström de mélodies bouillonnantes.
Pour couronner le tout, Rhys Fulber, grand manitou des manettes
(ayant déjà fait ses preuves avec Fear Factory
et complice occasionnel Devin Townsend) , s'est occupé
de la production de cet album ! Et le moins que l'on puisse
dire, c'est que cela décoiffe, un peu à la manière
de ce que le suédois Sank avait pu faire sur "One
second". Pour être clair, point de longs discours,
cet album est celui du renouveau, de la renaissance d'une formation
qui rentre à nouveau dans la légende heavy. Un
must tout simplement. |