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Ce dernier album des grands-britons du paradis perdu, ou plutôt du « perdu paradis » si l’on s’en réfère au sens purement linguistique du patronyme, a tout pour me séduire !
Jugez-en plutôt : Voilà un groupe qu flirte avec les 20 ans d’existence, compte déjà dix albums au compteur (en omettant celui-ci, cela va de soi) et se permet une remise en question quasi systématique avec chacune, ou presque, de ces oeuvres. Son parcours reste, à ce titre, quasi exempt de fautes de goûts !
Le doom caverneux, monolithique mais mélodique des deux premiers albums a laissé place à un style moins ténébreux sur "Shades of god" et son hymne "As i die", connu des grands et des petits. Cet album pose les bases d'un métal plus racé, carré serais-je tenté de dire, qui touche presque au heavy sur l’emblématique « Icon », véritable pierre angulaire de la discographie du groupe. Cette orientation se voit d’ailleurs confirmée avec le gigantesque « Draconian times », préfigurant par la même son statut de groupe métal « grand public », s’adressant aux masses avec un doigté et une classe qui en laisseront plus d’un sur le carreau.
Mais voilà, Paradise Lost n’aime pas l’immobilisme, et plutôt que de spéculer sur ce succès grandissant synonyme d’une rentabilité ad vitam eternam, « One second », marque lui une tournure plus « électronique », gorgée de samples et d’expérimentations, déboulant comme un pavé dans la mare et s’attirant les foudres de ses fans les plus intransigeants (dont je ne fais pas partie). Album-clé de la discographie du groupe, au même titre que le précédent, celui-ci tourne définitivement une page de l’histoire du groupe.
La suivante démarre avec un "Host" que je qualifierais d’opportuniste et d’insipide. Les allures depechemodesques de ce disque n’y feront rien, le naufrage est bien là. Les critiques s’y retrouvent malgré tout, le public, quant à lui, boude cette sortie et oblige les cinq de Halifax à remettre un peu d’ordre dans ce capharnaüm. La suite,"Believe in nothing", que l’on serait tenter de prendre au pied de la lettre, tente d’effacer, comme elle le peut, le revers encaissé…
Sans grand succès à vrai dire, celui-ci restant encore trop électronique et bancal pour rallier les anciens à sa bannière et séduire de nouvelles victimes…le syndrome du cul entre deux chaises est avéré.
Le réveil annoncé intervient enfin avec "Symbol of life", renouant avec les mélodies typiques du quintet, une production fulberienne aux petits oignons et un style plus aérien, et surtout plus organique. Les sonorités électroniques sont ici dosées avec parcimonie, les guitares reprennent de la vigueur, ne change pas de main je sens que ça vient !
Le sobrement intitulé "Paradise Lost", dixième album, confirme ce renversement et amorce un virage plus métal, par la même nettement plus "noir" qu’il n’y paraît. Les âmes (tourmentées) du Paradis perdu sont définitivement acquises à la cause du côté obscur. Welcome home my friends !
Et revoilà aujourd'hui nos joyeux drilles de retour avec le tout aussi gai "In requiem"… et le moins que l’on puisse dire c'est que la joie de vivre, partiellement entrevue sur "Host" et "Believe in gnangnan" est définitivement passée à la trappe ! C’est toujours ça de pris !
Le virage métallique réamorcé depuis "Symbol of life", couplé à cette association fructueuse avec Rhys Fulber, véritable sixième homme de la troupe, sont les deux éléments gages de la qualité de cet album…Les expérimentations se limitent à leur strict minmum, les riffs, profondéments métalliques, remettent à nos bons souvenirs les meilleurs moments du groupe, la production est d’une clarté cristalline, bien sûr, soulignant à merveille ce métal noir et majestueux. La section rythmique se balade et déroule son talent de la première à la dernière note du disque, enfonçant le clou là où il le faut. Quant au "nouveau" batteur Jeff Singer, enfin crédité sur ce disque, il remplit à merveille son rôle de bûcheron délicat avec sa frappe pachydermique, cepdendant non dépourvue de nuances.
Alors oui, aucune révolution ne se profile à l’horizon avec cette onzième galette, mais que d’hymnes vibrants ("The Enemy", "Never For The Damned" et surtout le doublé "In Requiem" "Ash And Debris") qui assoient définitivement Paradise Lost au sommet de la hiérarchie métallique, mettant vraiment en exergue ce qu’il sait le mieux faire, à savoir…du Paradise Lost !
Métal gothique ? Heavy-doom actuel ? Heavy sombre et mélodique ? Un peu de tout ça et plus encore, les étiquettes sont de toute façon déjà brisées depuis un bout de temps avec ces lascars, alors…pour ce qui est de la description du style, vous repasserez plus tard !
Je ne vois pas grand chose à ajouter, à part peut-être que les vieux fans de l’époque "Draconian times" et "Icon" devraient être ceux qui se régalent le plus avec cette nouvelle offrande, quant aux jeunots qui ont découvert le groupe avec "Symbol of life" et "Paradise Lost", rassurez-les, ils sont aussi conviés à la fête !
En tout cas, voilà un groupe dont nombre de ses collègues, contemporains ou non, ferait bien de s’inspirer. Certes, certaines fautes de parcours sont à déplorer mais la remise en question qui s’en est suivie depuis ne cesse de forcer mon admiration et mon respect… comme quoi, ceux et celles qui pensaient que le groupe ne s'en relèverait jamais en sont aujourd’hui pour leur frais, car ce Requiem est un "Symbol of life" on ne peut plus flagrant ! |