Chronique et review de l’album Bloody Pit of Horror de Gwar.

Gwar - "Bloody Pit of Horror" Quand Gwar sort un nouvel album, c'est toujours un événement. Ce groupe qui n'est pas totalement un groupe a laissé des traces dans le fond des chiottes de tout le monde. Présenté à l'époque comme les « scumdogs of the universe », les mecs ont fait du chemin depuis « Hell-O » sorti voici maintenant il y a plus de 22 ans.
Les musiciens se sont succédés à la pelle, portant chacun leur tour des tenues, déguisements et accoutrements les plus infâmes, les plus crasseux que l'on puisse avoir sur scène. A côté de tout ça certains corpse paintings peuvent rentrer à la maison, parce que bien avant Lordi, les gars de Gwar avaient inventé la grosse farce scénique sur un fond de rock de metal et de punk.
D'ailleurs on n'a jamais pris Gwar au sérieux, c'est toujours dans le second degré que ce groupe a susbisté, « Scumdogs... » était la révélation, suivi d'un « American must be destroyed » et d'un « This toilet earth » méchamment drôles.
Les clips qu'on pouvait voir avec « Ghor-Ghor » était hyper kitch, mais bordel c'était marrant, pas de prise de tête, leurs concerts étaient de véritables orgies au nom du grand n'importe quoi, mais Gwar, c'était Gwar.
Maintenant les années ont passé, cet humour qui n'a pas bougé d'un poil sur les cinq albums qui ont suivi, a été beaucoup plus mal perçu. La faute à des ados que nous étions qui ont grandi, certains sont devenus sans doute trop sérieux et la nouvelle génération d'auditeurs ayant la critique cinglante et mauvaise, parfois plus facile, sans chercher à comprendre le pourquoi du comment, n'a pas adhéré particulièrement au trip de déboucheur de siphon universel qu'est Gwar. Alors on en arrive aujourd'hui à découvrir des albums de Gwar et lire que c'est pas terrible, que ça n'apporte pas grand chose....
Mais Gwar n'a jamais eu la prétention de faire partie de la guilde des virtuoses du metal, ou encore de la Mensa, c'est un délire de musiciens qui se pose là, pour passer du bon temps, pour défourrailler et laisser libre cours aux pulsions les plus viles toutes proportions gardées et sans véritable application, et tout ça dans une musique sympatoche sur fond de metal/rock/punk un peu thrash.
Alors c'est comme ça qu'il faut aborder ce « Bloody pit of horror » qui possède pas mal de groove, une pêche de malade et de bonnes doses de thrash cette fois-ci. Car c'est vrai que si Gwar a su mélanger pas mal d'éléments au cours de ses albums, sur ce dernier, on en revient à un mouvement relativement thrash dans l'ensemble.
« Zombie march » ouvre le bal, avec une ambiance électrique, et surtout un solo de la mort qui se dégage formidablement bien et vu que c'est de plus le morceau le plus long de l'album, il fallait obligatoirement réussir l'entrée en matière. Surtout que celui-ci ne sort qu'un an après « Lust in space ».
Gwar a écrit des morceaux très très groove, ils l'ont toujours fait, mais dans cette mare thrasheuse, on perçoit de bons riffs presque stoner rock qui mettent l'ambiance et donnent envie de danser. Il y a tellement de bouses infâmes qui sortent régulièrement, Gwar assume, et le fait formidablement bien.
En passant du coq à l'âne « Come the carnivor » change la donne juste après pour proposer une espèce de doom, bien gras et down-tempo à la manière d'un My Dying Bride éléphantesque. C'est pour cela que j'apprécie ce groupe, pour sa manière de mélanger tout ce qui lui approche de près ou de loin en y donnant sa touche pourrave personnelle.
Le reste de l'album ne surprend pas le moins du monde, c'est bel et bien dans un esprit thrash old school tant sur des guitares taillées dans le riff des vieux Over Kill/Exodus des années 80's, et une batterie incandescente que les morceaux défilent, « A gathering of ghouls », « Storm is coming », « Tick-tits »....
Il faut être réaliste, ce ne sont pas des trucs transcendants, mais les morceaux sont chauds bouillants et lorsque certains, dont je fais partie, apprécient la musique de Tankard, quelque chose de fêtard, bon vivant, amusant, plaine d'énergie, cet album de Gwar est dans le même esprit.
En plus le son est vraiment puissant, dans la veine des derniers Exodus sur les guitares et la batterie.
La facette plus punk/thrashcore de Gwar réapparait sur « Beat you to death », avec un morceau plus dans le trip d'un DRI ou d'un vieux Metallica à la « Whiplash ».
Ah, on n'avait pas encore eu la pseudo balade de Gwar et c'est « You are my meat », on n'en fera pas tout un plat... hu hu... Mais c'est là.
Alors voilà, encore de l'humour, de la bonne humeur, des bons riffs thrash sur le retour, de l'énergie à revendre sur un album d'une durée de 3è minutes, pas pire que d'autres sinon mieux.
Gwar maîtrise, même après 22 ans. Et j'adresse cet album aux amateurs de groupe à la Tankard, old Over Kill, S.O.D, D.R.I et autres. Je l'ai trouvé très sympa et honorablement bien écrit.