Brutal Rebirth - "Death Row"
Ha, ha, le vrai death metal est loin de s'éteindre, si les petites frappes de deathcoreux un peu rebelles fourmillent partout avec des riffs de fillette et une carte d'identité qu'ils ont tous dupliqué par millier pour apposer en masse leur photo perso afin de pouvoir arborer fièrement leur fausse majorité chez l'épicier du coin et pouvoir acheter leur pack de bière aromatisée à la connerie, Il est des groupes en France qui croient encore et toujours au death metal tel qu'il a été, tel qu'il est vraiment et tel qu'il sera toujours.
Soyons fiers de groupes tels que Brutal Rebirth, des combos qui composent une musique burnée, velue et sincère.
« Death Row » est le deuxième jet de Brutal Rebirth, un jet de quoi ?
Un jet de pierre, un magma de riffs en fusion qui jaillissent des ténèbres pour envahir la planète de morceaux plus malsains les uns que les autres. Du gros death metal comme on en voudrait encore avec un effet dévastateur qui vient tout arracher sur son passage. Il devient assez rare maintenant de rencontrer des groupes avec un tel concentré de puissance.
Une puissance d'abord dans le son parce que c'est au Drudenhaus que ce petit bijou a été enregistré, pour un résultat très roots et très prononcé pour le graillon, ce qui décuple considérablement l'effet de déflagration des rythmiques.
Ensuite parce que c'est proche d'une scène anglaise inspirée par les maitres Bolt Thrower en priorité, que Brutal Rebirth trouve ses sources; En effet on découvre sur les morceaux, et encore plus sur « Prefabricated world », des ambiances aux guitares qui viennent directement provoquer l'affrontement, la guerre, la dévastation sur une batterie qui martèle sans cesse les rythmes de batailles sanglantes, comme on pouvait l'entendre sur « Realm of chaos », « War master » ou encore « Honor valour pride».
Brutal Rebirth s'inspire du meilleur du death metal old school, pour se situer entre des groupes à la Benediction, Immolation voire Morbid Angel. Le constat est très noir dans les morceaux, on laisse trainer la note pour poser les atmosphères pesantes, lourdes de conséquences.
Avec juste huit titres pour quarante deux minutes, « Death Row » nous amène sur les champs de bataille ou l'on se retrouve au milieu de corps sans vie. La voix massive et imposante de Pierre « Rotpiet » Girard est impressionnante de brutalité rappelant un peu celle de Dave Ingram.
Aucun morceau ne laisse de place pour la pitié, des titres comme « Doom to granite » nous lancent en pleine face cette tendance à la Bolt Throwerisation sur une batterie pire qu'un bombardement de B 52's qui bascule presque par moment du côté d'un death brutal grind aux allures d'un old Carcass des deux premiers albums.
Brutal Rebirth a la capacité de balancer des passages vraiment rapides et blastés, mais à côté de ça, ils ont l'intelligence de ne pas trop forcer la dose dans leur brutalité, car c'est avec un titre comme « Abject memories » qu'ils offrent la différence au niveau de leur death metal. C'est dans une atmosphère qui va jusqu'au milieu de l'album que ce titre nous promène dans les méandres d'un tempo lent et pachydermique jouant sur les plates bandes d'un « God of emptiness » personnellement inspiré malgré tout pour revenir à un death presque grind anglais sur tout le reste du morceau.
Mais dire que la seule force de Brutal Rebirth réside dans sa manière d'amener ses rythmiques de bulldozer grâce à un son taillé dans le granit serait trop minimiser l'impact de cet album. Car « Death row » est un peu comme le Big bang, il s'agit là d'un album d'une force brute similaire à ce gros caillou qui est venu percuter la Terre il y a quelques millions d'années. Même si sa forme était primitive, son impact était gigantesque de puissance et « Death Row » fait la même chose. Ajoutons à cela une myriade de solos directement piochés dans la boite à malice de Morbid Angel, Brutal Rebirth réussit l'exploit de nous offrir un album complet à tous les niveaux.
Agrémenté par un artwork aussi sombre que son contenu signé Blacksshark pour montrer l'appartenance définitive à une scène death metal traditionnelle mais puissante, « Death Row » s'impose de lui-même. Point besoin d'en faire des tonnes, cet album est une sortie underground majeure évidente qu'il ne faut impérativement pas manquer en 2010, ni en 2011 d'ailleurs...