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Chronique et review de l’album Phase Terminale de Bad Tripes.

Bad Tripes

"Phase Terminale"

(m&o music - 2010)

pochette de l’album Phase Terminale de Bad Tripesimage élargie – pochette de l’album
Bad Tripes - "Phase Terminale"
Le style pratiqué est particulier et digne d'intérêt. Shock rock à la française, horror punk francisé, peut importe la terminologie employée, seul le contenu prévaut. Et quel contenu ! Pas le genre à te redonner la joie de vivre avec des textes joyeux, légers... non... tout ici transpire le glauque et le gore. Que ce soit dans la forme (cinq malades psychiatriques qui auraient buté le staff médical de l'hôpital pour s'emparer de leurs oripeaux et s'improviser apprentis bouchers) aussi bien que dans le fond, l'idée reste la même : explorer les soubassements les plus vils et les plus sombres de l'existence et de la psyché humaine. Musicalement parlant, Bad Tripes compose dans une veine métal/indus/accordéon aux relents techno/électro. Alors, me direz-vous, quid de tout ça ? Tout d'abord, une efficacité indéniable due à l'homogénéité entre une musique sombre et déjantée, voire hallucinée, qui sert au plus près des textes tantôt murmurés, parlés tantôt criés, hurlés ou vomis. Ensuite, une certaine originalité dans les thèmes traités (l'amour SM, les serial killers, la sénilité, un conte pour enfants version trash, la dope, la prostitution, Hitler et j'en passe...) et dans l'écriture, mi-théâtrale, mi-chanson réaliste, mi-punk paillard : un mélange d'obscénités, de mots crûs et d'une verve enlevée qui sert assez justement les trames narratives plutôt bien construites des histoires racontées. Car oui, même si Bad Tripes cultive tout au long de ses chansons un état d'esprit « borderline », dans ce « Phase terminale » c'est bien d'histoires dont il s'agit. Horribles, déprimées, déprimantes, choquantes mais toujours des histoires habitées par Hikiko (la chanteuse) qui se veut soit narratrice, soit la première protagoniste des propos rapportés à l'auditeur. Malgré tous ces aspects positifs, ce projet décalé souffre quand même de quelques défauts de conception. Si l'écriture est intéressante, elle est aussi redondante dans la forme, notamment dans les rimes. De même, le chant ne prend pas de risque et évolue quasiment sur le même rythme tout au long des morceaux, dans la même progression (je suis calme /je m'énerve), sur la même tonalité... dommage au regard de l'amplitude et des capacités vocales de Hikiko. Si l'efficacité du style musical comme je l'ai souligné ne fait aucun doute et si quelques riffs et parenthèses rythmiques attirent l'oreille, on reste globalement sur des schémas indus/métal assez convenus qui peinent un peu sur la durée de l'album à maintenir l'attrait éveillé par les premières chansons. Enfin, si les thèmes abordés sortent bien de l'ordinaire, ces douze nouvelles volontairement outrancières ne sont pas toutes du meilleur goût et peuvent poser la question de la pertinence de leur choix (par exemple pour « Little raped – Riding Hood »). En conclusion, Bad Tripes nous propose un opus, qui à défaut d'être vraiment conceptuel, tend à sortir du lot en évoluant dans un genre très personnel et qui malgré ses imperfections vaut largement la peine d'être écouté, en laissant présager pour le groupe phocéen un futur bourré d'un potentiel créatif certain, qui ne demande qu'un peu plus de maturation.

Guiyomm Decibels Storm - novembre 2010
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