Apocalyptica - "7th Symphony"
Désormais classé comme un des grands noms de la musique rock/metal et plus rock que metal d'ailleurs, Apocalyptica a su gravir les échelons intelligemment.
Il est loin le temps de « play Metallica by four cellos », où les fans de metal voulaient rendre hommage à Metallica.
Maintenant Apocalyptica est un groupe qui vend, qui fait bouger les foules, et lorsqu'on est signé chez Sony Music, ce n'est pas pour rien, c'est dans la cour des très grands qu' Apocalyptica a mis les pieds.
Maintenant depuis quelques temps, on a tout de même du mal à reconnaître l'essence première de ce groupe qui était de mettre en avant de la musique jouée par des violoncelles, ce qu'on pouvait encore avoir sur « Inquisition symphony » et « Cult ». Oui, Apocalyptica joue à l'Eurovision devant des milliers de télespectateurs, Apocalyptica joue dans des festivals en France qui sont plus proches du rock que du metal, je parle de Garorock dans le Lot-et-garonne prochainement. Apocalyptica est devenu un monstre sacré qui a ouvert ses portes au public non metal pour le faire entrer dans sa gigantesque cour.
Les guest prestigieux se sont succédés au cour des années, c'est pour cela que je m'étais dit que maintenant Apocalyptica avait perdu sa flamme de sincérité, sa flamme qui faisait pourquoi beaucoup avaient apprécié l'initiative du départ et qui étaient partis en cours de route, laissant ce groupe acquérir une renommée, une notoriété indiscutable au profit de la perte de leur âme...
Ceci ne veut pas dire que le succès rime avec vendus, non mais simplement que petit à petit on a l'impression qu'ils s'éloignent de leur racines.
Indépendamment de cette magnifique pochette d'album, dans la veine des Werk 80's II de Atrocity, c'est une grande stupéfaction qui m'a touchée tout au long de l'écoute de ce nouvel album.
Pensant obligatoirement que celui-ci serait dans la lignée de « World collide », un poil opportuniste, réservé aux amateurs de musique mainstream qui occupe les ondes fm, je me suis fourvoyé et j'en reconnais là mon erreur.
Il est nécessaire dire que sur les quarante sept minutes qui composent cet album, la bonne première moitié est consacrée à attirer les foules encore un peu plus, avec des morceaux taillés dans le pop rock pour séduire le plus grand nombre. Mais la deuxième moitié, est véritablement beaucoup plus metal qu'on aurait plus le croire, avec des passages outrageusement plus incisifs et agressifs que ce que nous a donné Apocalyptica depuis longtemps.
L'album démarre sobrement avec un « At the gates of manala », titre mitigé laissant la place au gros son des violoncelles. Une place qui s'était faite de plus en plus petite au fur et à mesure des albums pour ne donner
de part importante qu'aux grosses orchestrations. Mais ici, ce n'est point le cas, les violoncelles sont là, existent, c'est un petit retour aux essentiels qu'Apocalyptica nous fait là. C'est un peu comme André Rieux, le gars, joue du violon, mais il y a tellement d'orchestre tout autour, que le sien, on ne l'entend plus... Apocalyptica a inversé cette tendance et ce « At The gates of manala » en est la preuve. Même les parties batterie prennent de la violence quasi blastée à la moitié du morceau.
La suite est plus accessible au grand public comme on l'a souligné juste avant. Avec « End of me », un morceau où l'on retrouve Gavin Rossdale, (ex-Bush et mari de Gwen Stefani puisqu'on est dans les potins) en guest sur un morceau accrocheur qui vient chercher des riffs qu'on aurait pu attribuer à Linkin Park, quelque chose de rock, moderne et surtout réservé à la clientèle qui écoute la musique comme source sonore de fond. Mais le petit bijou rock de cette première partie est certainement « No Strong enough » avec Brent Smith de Shinedown. Il s'agit là d'un morceau qui par ses lignes vocales, sa rythmique entrainante et ses violons magnifiques arrive à séduire tout auditeur grâce à des notes enchanteresses, tout le monde y succombe forcément à un moment ou à un autre. Ce titre est un des titres phares de l'album, quelque chose d'intense.
Ensuite avant de poursuivre dans la séquence toujours rock accrocheur de « Broken Pieces », c'est avec « 2010 » que Apocalyptica nous montre qu'ils en ont dans le ventre encore. Sur ce morceau le guest ne passe pas inaperçu, invité de prestige en la personne de Dave Lombardo (Slayer), le monsieur nous fait une démonstration de son talent en donnant au titre dépourvu de chant quelque chose de plus agressif, de plus noir également. Et c'est à ce moment là que je me suis dit que cet album était pas mal du tout en fait.
Avec « Broken Pieces », on entame donc la deuxième partie, faisant suite à un interlude gentil mais pas très utile de « Beautiful », juste là pour faire joli.
« Broken pieces » donc, avec en guest au chant Lacey de Flyleaf, va chercher encore l'auditeur pop rock, comme ils l'avaient fait avec « Anything but love » sur « World collide » avec Cristina Scabbia. Un tube en puissance forcément.
Mais heureusement que les guests ne font pas tout le travail chez Apocalyptica, sinon le groupe n'aurait plus de raison d'être et serait juste un orchestre à invités. La beauté noire, exotique de « On the rooftop with Quasimodo » aurait pu être une B.O de film du type Stargate, ou autre épopée se déroulant dans des mondes désertiques. Et cela prouve que parfois la musique se suffit et il n'est point besoin d'inviter tel ou tel chanteur qui de toute façon n'aurait pas forcément embellit la chanson.
Après Dave Lombardo, c'est au tour de Joe Duplantier (Gojira) de venir s'inviter sur un titre. Celui-ci étant « Bring them to light », un morceau épais et gras à souhait où les vocaux gutturaux se calquent sur une musique plus brutale que les autres morceaux de l'album jusqu'ici.
Il ne nous reste plus que deux titres avant de partir.
« Sacra », instrumental qui laisse de nouveau une grande place aux violoncelles pour nous rappeler que Apocalyptica c'est ça, avec des émotions très fortes dans la spleenitude et enfin comme si la logique avait voulu que le dernier morceau soit encore plus long que celui qui a ouvert la 7ème symphonie d'Apocalyptica, « Rage of poseïdon » s'impose en fermeture symphonique réunissant l'agressivité des derniers morceaux et les orchestrations wagneriennes des premiers morceaux. Titre rageur aux passages ultra malsains par moments, ce titre mettra tout le monde d'accord: Apocalyptica mérite son statut, et cet album n'est pas celui qu'on aurait pu croire. Il montre un certain talent de la composition, même si elle est moins metal qu'avant, les Finlandais n'ont pas réitéré leur aspect trop commercial pour finalement présenter un album somptueux et éclectique, gardant les bases et la flamme...