Agone Angel - "Discovering the Angel"
C'est impressionnant l'ego parfois démesuré que peuvent avoir beaucoup de jeunes musiciens aujourd'hui. Parce que beaucoup et de plus en plus, sont issus d'écoles prestigieuses de musique, comme ici pour Agone Angel, la Music Academy International. Car il ne suffit pas forcément d'être un virtuose pour réussir, je ne pense pas que James Hetfield ou Dave Lombardo puissent mettre en avant des diplômes d'écoles prestigieuses et pourtant la planète est à leurs pieds... Mais sans doute que les cours d'humilité ne faisaient pas partie des options...
Non mettre en avant certaines choses sans même avoir encore fait ses preuves vis à vis d'un public qui restera définitivement le seul décideur en la matière est signe de suffisance. C'est un peu comme pour la cérémonie des Césars où les acteurs récompensent les acteurs, en dépit de l'affluence du public dans les salles obscures, sans prendre en compte l'avis des « clients/consommateurs ».
Alors Agone Angel débute sur la scène metal... enfin metal tout est relatif. En avançant des groupes comme Dream Theater, certes il faut savoir jouer et interpréter admirablement bien ce genre de style, mais jamais au grand jamais Muse n'a fait et ne fera partie de la scène metal, autant de millions d'albums puissent-ils vendre et autant de talent puissent-ils posséder, c'est du rock. Il ne faut pas confondre... Cet imbroglio dénoué passons aux choses sérieuses.
Agone Angel sait effectivement jouer, et propose quelque chose à mi chemin entre du heavy metal à la Adagio, Anthropia pour rester français, bourré de claviers symphoniques et de guitares rythmées au métronome minutieux, en empruntant des chemins tracés par ses ainés et du rock progressif et technique. A cela s'ajoute des sonorités électroniques qui restent fort agréables sur « Always remember (Part 2 the answer) donnant à la musique de Agone Angel un côté grand public.
Ce morceau donne envie d'aller plus loin à la rencontre du savoir faire de Agone Angel. En revanche si les sonorités électroniques étaient utilement servies au profit de l'atmosphère, ce n'est pas le cas de « Never be like you ». Le départ du morceau, similaire à la thématique abordée sur le premier titre annonçait quelque chose d'intéressant, mais la suite est tombée en chute libre. De sonorités électroniques on arrive littéralement dans le monde de David Guetta, avec un chant qui se transforme comme le Dj Master de Ibiza, une ambiance boule à facettes où l'on se croirait dans « la boite de nuit » le « Pacha » ou le « Pharaon » ou encore « La galaxie », « Le Macumba » à danser sur de la techno-dance où l'on aurait rajouté des guitares. D'ailleurs lorsque le titre s'emballe on en n'arrive à ne plus entendre vraiment le côté metal/rock de la chose... Les beats prenant tellement de place qu'on a du mal à écouter le reste.
« Blazing Hope » nous réconcilie juste 30 secondes avec le « metal » pour re-balancer des beats électro, ce qui est grandement dommage cette alliage moulé dans ce monde Trance, tandis que les guitares, tant sur les solos progressifs démonstratifs de masturbation cérébrale, que sur les rythmiques, démontrent effectivement une maitrise parfaite de l'instrument, ainsi que le chant clair terriblement bien amené...
« Another Sun today » est la plus prononcée de toutes en ce qui concerne cette attirance pour la musique dance/techno. On se sent démuni face à ce genre de musique, incompris et prisonnier entre le sentiment interrogatif et la reconnaissance d'une dextérité certaine.
Mais ce monde qui plait tant à son compositeur et si facile à assembler, car le passionné s'est fait plaisir à lui seul avant tout, en demandant si après des personnes adhèrent à sa cause n'est peut-être pas celui de tous. La démarche est de toute façon logique puisque tout musicien crée la musique qu'il pense être sa raison d'être et ensuite voit si le monde veut prendre le même élan que lui. Je salue donc la prestation guitaristique ainsi que le son vraiment très pro et clair ainsi que le chant. Mais un problème se pose à cette aliénation musicale audacieuse. En discothèque, je n'ai jamais vraiment vu de guitar hero ou de chevelus ou de metalleux simplement. Dans les concerts metal, je n'ai jamais vraiment vu danser la tektonik. Même si le metal a su évoluer en apportant de la symphonie, du classique, de la musique traditionnelle folk et autres courants non metal, cela a toujours réussi effectivement. Pourquoi pas la dance ou la techno me direz-vous ?
Le pari est risqué mais on n'est peut-être pas prêt pour ce genre de choses, inclure David Guetta, Laurent Wolf ou autre Bob Sinclar dans nos dance floors à mosh pits et peut-être aussi aurait-il été utile d'écouter l'album entièrement et non seulement quatre titres...